Mauritanie : l’application de la vraie fausse Charia à Sélibaby contre la criminalité

Le verdict de la cour criminelle du tribunal de Kaédi est sans appel cette fin de semaine avec en première ligne la peine capitale pour l’auteur de crime contre une femme et la lapidation pour adultère et infanticide pour une femme.

La capitale du Guidimakha fait les premiers frais de la lutte contre la recrudescence de la criminalité dans le pays. Les magistrats de la cour criminelle n’ont pas tergiversé pour appliquer la loi à des auteurs de crimes de viols, d’infanticide, d’adultère, de vols et de vente de stupéfiants. La condamnation de l’auteur du crime à 25 ans de prison pour viol et la peine capitale pour meurtre et par ailleurs la lapidation pour une femme qui a commis l’adultère et l’infanticide, relancent le débat sur la dualité de la justice mauritanienne.

La coexistence d’un droit moderne et d’un droit musulman n’est pas un paradoxe. Ce qui l’est moins c’est dans l’application de certains crimes qui ne sont pas élucidés et volontairement enterrés par la justice pour des raisons d’Etat.

Les crimes économiques et financiers ne font pas exception mais avec l’élection de Ould Ghazouani, la volonté de restaurer un Etat de droit est bien réelle avec notamment l’accusation de l’ex-président Ould Aziz pour corruption, enrichissement illicite et blanchiment d’argent. Hormis ces considérations politiques, c’est la contrainte des avocats de fonder leurs plaidoiries sur la charia et c’est également l’incompétence de juges issus de la formation coranique, qui sont pointés du doigt par les observateurs.

Le verdict de Sélibaby intervient dans un contexte de recrudescence de la criminalité et relance en même la problématique de la peine capitale qui fait l’objet depuis des décennies de prises de position contradictoire au sein de la société mauritanienne comme en témoigne le cas  récent du blogueur Oud Cheikh M’Keitir finalement libéré sous la pression de la communauté internationale.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste