La course à l’espace, catégorie milliardaires, s’est emballée jeudi : le Britannique Richard Branson a annoncé qu’il prévoyait de s’envoler dès le 11 juillet à bord d’un vaisseau de Virgin Galactic, espérant coiffer au poteau son rival Jeff Bezos, dont le voyage en apesanteur est lui prévu… le 20 juillet.
La compétition fait rage entre les deux hommes, qui ont tous deux créé des entreprises de tourisme spatial, positionnées sur le secteur des vols suborbitaux courts.
Début juin, Jeff Bezos avait annoncé qu’il ferait partie de l’équipage du premier vol habité de la fusée New Shepard, développée par sa société Blue Origin.
Il pensait ainsi voler la primeur à Richard Branson, qui avait de longue date dit vouloir participer à un test de Virgin Galactic, avant le début des opérations commerciales régulières annoncées pour 2022.
Mais le Britannique a à son tour coupé l’herbe sous le pied de son concurrent jeudi, en déclarant qu’il serait parmi les quatre personnes à bord du vaisseau VSS Unity, qui doit donc décoller dans un peu plus d’une semaine au Nouveau Mexique.
Le calendrier est toutefois suspendu aux conditions météo ainsi qu’à des « vérifications techniques », a précisé Virgin Galactic dans un communiqué.
« Je crois vraiment que l’espace nous appartient à tous », a déclaré Richard Branson. « Virgin Galactic se tient à l’avant-garde d’une nouvelle industrie spatiale commerciale, qui doit ouvrir l’espace à l’humanité. »
Guerre de communication
La bataille entre les deux concurrents s’accompagne d’une guerre de communication.
Jeudi, Jeff Bezos a aussi frappé fort en présentant sa passagère « d’honneur » pour le vol du 20 juillet.
Une femme de 82 ans, Wally Funk, a été invitée à voler aux côtés du fondateur d’Amazon. Elle deviendra alors la personne la plus âgée à voyager dans l’espace, un record détenu jusqu’ici par l’astronaute américain John Glenn, à 77 ans.
A bord se trouveront également le frère de Jeff Bezos, Mark, et le mystérieux vainqueur d’une mise aux enchères, dont le nom n’a pas encore été révélé mais qui a payé 28 millions de dollars pour y participer.
« Enfin! » s’est exclamée Wally Funk lorsqu’on lui a annoncé la nouvelle, selon une vidéo publiée sur le compte Instagram du patron américain, où on la voit le prendre dans ses bras dans une explosion de joie. « Je savourerai chaque seconde. J’ai tellement hâte », a-t-elle ajouté.
Pilote aguerrie, elle cumule 19.600 heures de vol. Et elle a été la première inspectrice femme de l’agence américaine de l’aviation, la FAA.
Surtout, dans les années 60, elle a fait partie d’un programme privé surnommé « Mercury 13 », un groupe de 13 femmes (dont elle était la plus jeune) ayant passé les mêmes tests que les astronautes masculins sélectionnés dans le cadre du programme Mercury de la Nasa, pour envoyer les premiers Américains dans l’espace.
« Ils m’ont dit que j’avais fait le travail mieux et plus vite que n’importe lequel des hommes », a expliqué Wally Funk dans la vidéo publiée en ligne. « Alors j’ai contacté la Nasa, quatre fois. J’ai dit que je voulais devenir astronaute. Mais personne ne voulait me prendre. Je ne pensais pas que j’irais là-haut un jour. »
« Personne n’a attendu aussi longtemps » qu’elle, a écrit Jeff Bezos dans sa publication. « Il est temps. Bienvenue dans l’équipage, Wally. »
Ironie de l’histoire: Wally Funk a également acheté, il y a des années, un billet pour voler dans l’espace avec Virgin Galactic.
Quelques minutes en apesanteur
Les engins développés par Virgin Galactic et Blue Origin sont très différents, même si le résultat pour les passagers sera finalement sensiblement le même: quelques minutes en apesanteur.
Dans le cas de Virgin Galactic un avion porteur décollera d’une piste puis larguera en altitude le vaisseau accroché sous lui, qui allumera ses moteurs jusqu’à atteindre les 80 km d’altitude, puis redescendra en planant. Cette hauteur est celle fixée aux Etats-Unis pour la frontière de l’espace.
Chez Blue Origin, il s’agit d’une fusée plus « classique », qui décollera à la verticale. La capsule se séparera à environ 75 km de hauteur, continuant sa trajectoire jusqu’à dépasser les 100 km d’altitude — la ligne de Karman, qui marque le début de l’espace selon la convention internationale.
Les prestigieux passagers pourront alors se détacher de leurs sièges et observer la courbure de la Terre.
Puis la capsule entamera une chute libre pour revenir vers la Terre, et sera freinée par trois grands parachutes et des rétrofusées avant d’atterrir dans un désert de l’ouest du Texas. Le voyage durera au total 11 minutes.
AFP
Source : La Libre.be (Belgique)
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