La découverte des ossements de 215 enfants enfouis dans une fosse commune d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops (Colombie-Britannique) avait choqué le Canada, à la fin du mois de mai.
Cette fois, ce sont plus de 750 tombes anonymes qui ont été découvertes lors de fouilles sur le site d’un établissement du même type, situé sur la commune de Marieval, dans l’est de la province du Saskatchewan (centre-ouest du Canada), a annoncé, jeudi 24 juin, le chef de la nation Cowessess. Le pensionnat de Marieval a accueilli des enfants autochtones entre 1899 et le milieu des années 1990, avant d’être démoli et remplacé par une école de jour.
Interrogé sur la chaîne CBC, un ancien pensionnaire, Barry Kennedy, a estimé que cette nouvelle découverte n’était que la partie émergée de l’iceberg.
« Nous avons commencé nos fouilles par géoradar le 2 juin et, à la date d’hier, nous avons repéré 751 tombes non marquées », a annoncé le chef Cadmus Delorme lors d’une conférence de presse, après cette nouvelle découverte, la deuxième en moins d’un mois, après celle de Kamloops.
« Ce n’est pas une fosse commune, ce sont des tombes non identifiées », a-t-il ajouté, précisant que « certaines ont pu être identifiées par le passé » mais des représentants de l’Eglise catholique ont retiré les stèles, « un geste criminel au Canada », selon lui.
150 000 enfants amérindiens dans 139 de ces pensionnats
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui a dit sa « peine », jeudi, dans un communiqué, a estimé que le pays devait « tirer les leçons de [son] passé et avancer sur le chemin commun de la réconciliation ».
De son côté, le chef de la Fédération des nations autochtones souveraines du Saskatchewan, Bobby Cameron, a dénoncé un « crime contre l’humanité, une agression contre les Premières Nations ». « Le seul crime qu’on ait jamais commis était d’être nés autochtones », a-t-il affirmé lors du même point de presse, appelant le gouvernement et l’Eglise à coopérer. « Nous trouverons d’autres corps et nous ne nous arrêterons que lorsque nous aurons trouvé tous les enfants », a-t-il ajouté.
Quelque 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture. Nombre d’entre eux ont été soumis à de mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4 000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête qui avait conclu à un « génocide culturel » de la part du Canada.
Dans la foulée de la découverte des restes d’enfants au pensionnat de Kamloops, des fouilles ont été entreprises autour de plusieurs de ces anciens établissements scolaires partout au Canada, avec le concours des autorités gouvernementales.
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