Mauritanie : les soutiens de Mohamed Ould Abdel Aziz dénoncent un règlement de compte

Mohamed Ould Abdel Aziz est en détention depuis mardi soir. L’ancien président, accusé de corruption, a été placé sous mandat de dépôt sur décision du juge chargé de l’investigation. Il est accusé d’avoir détourné des millions de deniers publics durant ses deux mandats, de 2008 à 2019. Inculpé en mars, il a été placé en résidence surveillée en mai. D’après le parquet, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas respecté les mesures de son contrôle judiciaire.

La défense de l’ancien président mauritanien s’est insurgée contre le déferrement de son client en violation, selon eux, de l’article 93 de la Constitution qui lui garantit l’immunité en tant qu’ancien chef de l’État, rapporte notre correspondant à Nouakchott, Salem Mejbour. Selon ces avocats, seule une Haute cour de justice est habilitée à envoyer en prison l’ex-président. Mohamed Ould Abdel Aziz est poursuivi pour de présumés faits de corruption, détournements de biens publics et blanchiment d’argent.

Sa défense affirme tout ignorer des éléments de preuves qui soutiennent ces accusations. « Ce que nous demandons, c’est un procès équitable. Qu’on nous communique le dossier, qu’on nous donne les moyens de savoir ce que l’on reproche exactement à Mohamed Ould Abdel Aziz, l’ancien président de la République, et quels sont les faits et les preuves, et les éléments qui soutiennent ces accusations. Nous le les connaissons pas », explique Maître Taleb Khiyar.

En réaction à ce rebondissement du dossier, le porte-parole du gouvernement a tenu à faire une mise au point après le Conseil des ministres de ce mercredi. « Ce dossier se trouve actuellement entre les mains des juges d’instruction du pôle de lutte contre la corruption et les crimes économiques. Les magistrats travaillent dans le cadre d’une juridiction d’assises. Nous sommes dans un pays de droit et, vous le savez, il y a une séparation des pouvoirs », a lancé Moctar Ould Dahi.

 

Machination politique ou affaire judiciaire ?

Selon ses avocats, l’ancien président mauritanien serait détenu dans une villa de la sureté nationale pour une durée de cinq jours d’observation en raison du Covid-19. On ignore où il sera transféré ensuite mais pour les soutiens de Mohamed Ould Abdel Aziz, cette arrestation est une nouvelle étape dans la machination politique mise en œuvre pour le discréditer.

L’ancien président, a fait part de son désir de rester dans la vie politique. Récemment, il a rejoint le Parti national pour les droits et la construction des générations (Ribat), et c’est bien ce qui dérangerait le gouvernement selon l’ancien ministre Mohamed Djibril, président du Ribat. « L’actuel régime a enclenché une campagne de règlements de compte. L’objectif était de priver l’ex-président de son droit de faire de la politique, affirme l’ancien ministre. Il faut dire que même en résidence surveillée, le président participait aux activités de son parti, le Ribat, à travers des conférences en ligne et directe sur les réseaux sociaux, ce qui dérange le régime en place ».

Pour Yahya el Waqf, député Union pour la République (UPR), le parti présidentiel, et rapporteur de la commission d’enquête sur la gestion de Mohamed Ould Abdel Aziz, la politique n’a rien à voir dans le sort de l’ancien président. « Il s’agit d’une commission d’enquête parlementaire qui a transféré ce dossier à la justice. À partir de là, il s’agit d’un problème judiciaire. Donc, nous avons tous intérêt à le laisser dans ce cadre-là. Et au niveau politique, on peut bien débattre, on peut bien discuter, mais indépendamment du dossier », explique-t-il.

Mohamed Ould Abdel Aziz a refusé de répondre aux questions des députés lors de l’enquête parlementaire. Les juges se sont également heurtés plusieurs fois à son silence.

 

 

Source : RFI

 

 

 

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