Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a dirigé la Mauritanie pendant onze ans (2008-2019), a été écroué le 22 juin. L’homme nie les accusations de corruption pour lesquelles il est poursuivi par la justice et accuse l’actuel président, Mohamed Ould Ghazouani, son ancien protégé, de tirer les ficelles de cette affaire pour l’achever politiquement.
Il devait pointer trois fois par semaine au centre de police depuis qu’il a été inculpé dans une enquête en mars. Mais ces derniers jours, celui qui a occupé le fauteuil présidentiel pendant plus d’une décennie (2008-2019) a refusé de se soumettre à cette obligation judiciaire. C’est ce qui a précipité le 22 juin la décision du juge anticorruption du parquet de Nouakchott d’incarcérer l’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
“Poursuivi pour corruption, blanchiment et diverses autres infractions liées à la gestion des affaires publiques sous son règne”, l’homme a été transféré dans un appartement privé surveillé, rapporte le journal mauritanien Le Calame. Il doit être envoyé en prison dans deux semaines.
Un règlement de comptes ?
Alors qu’il totalise douze chefs d’accusation à son encontre, il clame que cette affaire est un règlement de comptes personnel fomenté par son successeur, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani. Ça n’est pourtant, à l’origine, pas un sentiment d’animosité qui lie les deux hommes. L’actuel président n’est autre que l’ancien chef de cabinet et ministre d’Abdel Aziz. Il avait été propulsé au pouvoir en 2019 grâce à son adoubement, raconte Wakat Séra :
Le tout-puissant capitaine du navire mauritanien était pourtant loin de s’imaginer pareil sort, lui à qui succédait, en août 2019, l’ami de quarante ans, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, général comme lui, donc son frère d’armes.”
Depuis qu’Abdel Aziz a cédé son poste de président à son ex-allié, l’État fait preuve d’un volontarisme politique sans précédent dans la lutte pour la bonne gestion des ressources publiques. Commission parlementaire spécialement créée pour étudier les années de sa présidence, interrogatoires en série, limogeage de la direction du parti qu’il a créé et enfin saisie de son passeport… Rien n’est laissé au hasard, et lui se dit victime d’une tentative d’élimination politique.
Et le journal burkinabé de conclure : “Ce n’est pas moins mal que les puissants d’hier soient jugés aussi, rappelant [que] ‘tous les hommes sont égaux devant la loi’.”