
Démocrates et défenseurs des libertés ont vivement critiqué vendredi la saisie de données d’élus du Congrès américain par le gouvernement de Donald Trump, et ont appelé à réformer les “pouvoirs d’espionnage” de l’exécutif.
Le ministère de la Justice américain en 2018 a secrètement saisi Apple pour obtenir les données de deux parlementaires démocrates membres de la commission Renseignement de la Chambre des représentants, dans le cadre d’une enquête sur des fuites d’informations classifiées, rapporte le Washington Post vendredi 11 juin.
Les élus californiens Adam Schiff et Eric Swalwell, “d’éminents détracteurs du président Donald Trump”, ont déclaré jeudi en avoir été informés en mai par la firme à la pomme, à qui le ministère de la Justice avait jusque-là imposé une consigne de non-divulgation. Les données d’”au moins 12 personnes” de leur entourage – leurs employés, anciens et actuels, et des membres de leur famille dont un mineur – ont également été saisies.
Les deux hommes étaient soupçonnés d’avoir communiqué à des journalistes des informations liées à la très sensible enquête sur les soupçons de collusion entre Moscou et l’entourage de Donald Trump. À l’époque des saisies, rappelle le Wall Street Journal, le président républicain et les responsables de son administration, dont son premier ministre de la Justice, Jeff Sessions, “tentaient de localiser la source des fuites concernant les contacts entre la Russie et des personnalités de la campagne électorale de M. Trump en 2016”. Puis Bill Barr, le ministre de la Justice suivant, “a hérité d’une demi-dizaine d’enquêtes sur des fuites lorsqu’il a pris ses fonctions en 2019”.
Aux États-Unis, la fuite d’informations confidentielles est illégale et des procureurs fédéraux peuvent émettre des mandats de perquisition pour remonter à la source, mais il ne semble pas que, jusque-là, des parlementaires aient jamais été visés par ce type d’enquête. Selon un membre de la commission Renseignement de la Chambre des représentants cité par le quotidien, le ministère a informé la commission le mois dernier que l’affaire avait été classée.
“Onde de choc à Washington”
“C’est un abus de pouvoir grossier et une attaque contre la séparation des pouvoirs”, a dénoncé le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer en convoquant les anciens ministres de la Justice Jeff Sessions et Bill Barr à s’expliquer devant la commission judiciaire de la chambre haute. L’inspecteur général du ministère de la Justice a de son côté annoncé une enquête sur “l’utilisation par le ministère d’assignations et d’autres moyens légaux pour obtenir des informations sur les communications des membres du Congrès, de leurs proches et des médias”.
“Ce nouveau scandale montre l’ampleur de l’attaque de Trump contre les fondements démocratiques de l’Amérique”, estime CNN. “L’affaire a provoqué une onde de choc à Washington et les législateurs s’efforcent maintenant de comprendre l’ampleur de ce qui semble être l’un des plus graves scandales d’une ancienne administration imprégnée de corruption politique.”
“Le ministère de la Justice de Trump était plus dangereux qu’on ne le pensait”, commente pour sa part The Atlantic. Pour le magazine, ces révélations, comme d’autres depuis l’investiture de Biden, “ajoutent des détails au tableau de la déchéance éthique du ministère” durant le mandat du républicain. Le mensuel relève aussi une “ironie” : “bien que nous ne sachions toujours pas d’où venaient les fuites, une grande partie des fuites préjudiciables pendant l’administration Trump ne provenaient pas de ses ennemis politiques, mais de l’intérieur de l’administration.”
Source : Courrier international
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