Edgar Morin : « Le propre de l’homme est de toujours espérer le meilleur et d’éloigner le pire »

Le grand sociologue, historien, philosophe et humaniste centenaire était l’invité de Boomerang à l’occasion de la sortie de ses « Leçons d’un siècle de vie ». Pour sa carte blanche, au micro d’Augustin Trapenard, Edgar Morin a choisi de partager avec vous son ultime réflexion : qu’est-ce qu’un être humain ?.

Enfant du XXe siècle, Edgar Morin a embrassé tout un siècle d’histoire. C’est une forme de transmission, d’héritage de son cheminement intellectuel qu’il confie et restitue formidablement dans son nouveau livre « Leçons d’un siècle de vie« . Ses expériences, son histoire ont contribué à en faire l’un des penseurs humanistes les plus importants pour appréhender les enjeux qui sont ceux du début du XXIe siècle. Aux côtés d’Augustin Trapenard, il est revenu notamment sur les souvenirs de son enfance ; sur la nécessité de cultiver le questionnement systématique, ce qu’il appelle « la pensée complexe » ou encore « l’autocritique », face aux crises de l’histoire.

Pour sa carte blanche, il a partagé « son ultime souhait », celui de toute sa vie : comment révolutionner les méthodes de réflexion pour mieux penser le monde et tenter ainsi de répondre à la question « qu’est-ce qu’un être humain ? »

« Je voudrais exprimer ici mon ultime souhait, celui de toute ma vie

Depuis mon adolescence, je n’ai cessé de me poser les questions de Kant :

  • Que puis-je savoir ?
  • Que puis-je connaître ?
  • Que puis-je espérer ?

Depuis mon entrée à l’université comme étudiant, j’ai compris que je ne pouvais tenter de répondre à ces questions qu’en considérant la question préliminaire :

Qu’est-ce qu’être un humain ?

Puis, j’ai perçu que la connaissance de l’humain nécessitait un rassemblement, une association et une articulation de savoirs dispersés et compartimentés dans des disciplines closes.

Puis j’ai compris que, pour effectuer cette association et articulation, il fallait modifier notre mode de « connaître » et notre mode de pensée.

Puis, j’ai compris que cette modification nécessitait un paradigme prescrivant distinction et conjonction, au lieu du paradigme dominant imposant disjonction et réduction. Seul ce mode de « connaître » et de penser permettrait d’affronter les complexités de notre monde en interaction et transformation, multiples et incessantes.

D’où mon ouvrage, ma méthode, comme il m’apparaît de plus en plus vital d’opérer cette réforme ou révolution de pensée.

J’ai décidé de créer une fondation Edgar Morin pour préparer et former les esprits à affronter les problèmes les plus importants de leur vie personnelle, de leur vie sociale, et plus amplement, de l’aventure humaine dans sa phase actuelle ».

Si un être humain est capable du meilleur comme du pire, le propre de l’homme est de toujours espérer le meilleur et d’éloigner le pire.

 

 

Source : France Inter (Le 10 juin 2021)

 

 

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Edgar Morin, invité exceptionnel

 

 

 

 

 

Voir les extraits de l’émission

 

 

 

 

Source : La Grande Librairie

 

 

 

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