La justice internationale a confirmé ce mardi en appel la condamnation à perpétuité de l’ancien chef militaire serbe de Bosnie Ratko Mladic pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie de 1992 à 1995.
« La chambre d’appel confirme la sentence de prison à vie à l’encontre de M. Mladic », a déclaré dans un communiqué le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), rejetant l’appel de l’ex-général.
Celui qui a été surnommé « le Boucher des Balkans » avait été condamné le 22 novembre 2017 à la prison à perpétuité par le Tribunal pénal international de La Haye. Il avait été reconnu coupable de dix chefs d’accusation pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment pour son rôle dans le massacre de Srebrenica, le pire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le MTPI a pris le relais du TPIY après la fermeture de celui-ci en 2017. Son verdict, prononcé par cinq juges, est final et ne peut plus faire l’objet d’un appel.
Ratko Mladic, surnommé le « Boucher des Balkans », est âgé de près de 80 ans. Son âge exact fait débat, lui affirmant être né le 12 mars 1943 alors que le MTPI retient le 12 mars 1942. Il a été arrêté en 2011 après 16 ans de cavale et se trouve depuis en détention à La Haye.
Nettoyage ethnique
Plus d’un quart de siècle après le conflit en ex-Yougoslavie, l’ex-général conserve parmi les siens une aura de héros, mais son nom restera associé aux crimes de la guerre de Bosnie, du siège de Sarajevo au massacre de Srebrenica. Des images de l’époque le montrent en train de distribuer à Srebrenica des bonbons à des enfants, mis ensuite dans des bus avec les femmes, tandis que les hommes et adolescents de la ville étaient conduits dans une forêt et exécutés.
Mladic a également été reconnu coupable d’avoir orchestré une campagne plus large de « nettoyage ethnique » pour chasser les musulmans et les Bosniaques des zones clés pour créer une Grande Serbie en ex-Yougoslavie, déchirée après la chute du communisme.
Mladic a affirmé qu’il avait été entraîné dans le conflit malgré lui dès le début de la guerre en Bosnie (1992-1995), qui a fait quelque 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés. Selon ses avocats, il n’y a pas de lien entre l’ancien général et les tueries qui ont été commises à Srebrenica et les charges de génocide qui lui ont valu une peine de détention à vie sont dénuées de fondement. En août 2020, lors du procès en appel, Ratko Mladic a déclaré que le tribunal était un « rejeton des puissances occidentales » et affirmé être toujours « une cible de l’alliance de l’Otan ».
L’ONU a salué mardi la décision, par la voix de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. Le verdict « souligne la détermination de la justice internationale à faire rendre des comptes quel que soit le temps qu’il faut – et dans le cas de Mladic, c’était presque trois décennies après ses crimes abominables », a-t-elle déclaré dans un communiqué commun avec Alice Wairimu Nderitu, la conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention des génocides.
Le président américain Joe Biden a également salué une condamnation « historique ». « Ce jugement historique montre que ceux qui commettent des crimes horribles seront bien tenus responsables », a-t-il déclaré dans un communiqué.
(Avec AFP)
Source : RFI
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