Le remaniement tant attendu par les mauritaniens a finalement eu lieu hier, mercredi 26 mars, dans l’après-midi. Les choses sont allées très vite. C’est, en effet, en début d’après-midi que le premier ministre Ould Bilal a été convoqué au Palais et quelques petites heures après la présidence rend publique la liste du nouveau Gouvernement.
Rien de spécial sauf l’entrée dans la nouvelle équipe de cinq nouvelles figures dont Amal Mint Sidi Ould Cheikh Abdallahi et de Toutou Mint Khattri. L’arrivée de la fille de l’ancien président renversé par l’ancien président Aziz constitue un geste fort, on pourrait même considérer cela comme une espèce de réhabilitation de SIDIOCA que son tombeur avait humilié, non seulement en le renversant quelques mois après son élection, mais surtout en l’emprisonnant. Sur ce point, Ghazwani se démarque totalement de l’ancien président.
Autre fait marquant, l’entrée ou le retour de Mint Khatrri au gouvernement. Membre de l’ex parti ADIL, Mint Khattri a été ministre de SIDIOCA. Originaire de Djigueni, à l’est du pays, elle appartient au clan opposé au groupe de l’ex premier ministre, Ould Hademine.
Pour toutes ses raisons, son entrée au gouvernement constitue un désaveu à l’ancien président Aziz et à son ancien premier ministre que ce clan avait écrasé lors d’une campagne de l’UPR. Mint Khattri rejoint ainsi d’autres ministres de l’actuel gouvernement qui ont eu maille à repartir avec Ould Adbel Aziz ; il s’agit de Kane Ousmane, ministre de l’économie et des secteurs productifs et Ould Merzoug, ministre de l’Interieur.
Mis à part ces deux changements, le président Ghazwani reste dans la continuité. Les membres du gouvernement sont cooptés selon les dosages en vigueur depuis des lustres. Aussi, en privilégiant les permutations et les changements par petites touches, l’actuel président laisse-t-il apparaître clairement qu’il n’est pas partisan de changements pour ne pas dire de rupture. « N’attendez pas de changement brusque de la part de l’actuel président, ce n’est pas dans son tempérament et il va avancer prudemment, sinon, il allait commençait par renvoyer son premier ministre considéré comme un homme sans étoffe », a indiqué un observateur.
Le président Ghazwani ne se hâte que très lentement, une posture qui déroute et décourage, à la fois, une grande partie de l’opinion. Le marabout président ne veut pas faire de vagues pour vraisemblablement, ne pas prêter le flanc à ses adversaires, notamment son prédécesseur, Ould Abdel Aziz qui n’hésite à le charger depuis qu’il a été inculpé par la justice. On note même sa côte monter auprès de ses proches et une certaine partie de l’opinion. Des indicateurs que l’actuel président ne peut pas négliger. Les lenteurs dans la gestion du dossier de la corruption ont occupé l’essentiel du début de son mandat.
L’autre fait marquant de ce remaniement reste le départ du gouvernement du ministre de la santé. A sa demande disent certaines sources. Ould Hamed aura été presque le seul ministre a avoir osé prendre des mesures audacieuse dans ce département fortement « empoisonné » par des médicaments périmés et piratés, par le laxisme dans la gestion des structures de santé…Confronté à la COVID 19, ce consultant très peu porté sur la politique a été sur tous les fronts pour limiter les dégâts.
En tous les cas, le remaniement est acté depuis ce mercredi après-midi, les mauritaniens en parlent très peu, ils s’attendaient à beaucoup plus de leur président dont les deux gouvernements ont montré les limites, surtout depuis que des rumeurs ont fait état de son départ de la salle des conseils des ministres avant d’avoir levé la séance, pour montrer son mécontentement de l’incompétence dont certains membres de son équipe ont fait montre, et que depuis son premier ministre a reconnu des « manquements » dans l’exécution du programme électoral du chef de l’état. Un mea culpa qui
ouvrait depuis lors la voie à un remaniement ministériel. Beaucoup s’attendaient dès alors à un véritable coup de balai de la part du président pour se débarrasser de tous les recyclés des gouvernements de son prédécesseur, des incapables, des gens ayant trempé dans la mauvaise gestion. Rien de sert de garder une équipe qui ne gagne pas. Ce remaniement devrait être l’occasion ou jamais pour l’actuel président d’enclencher ensuite la rupture d’avec les dix ans de gouvernance de son compagnon d’armes, que ceux qui l’ont élu et soutenu attendent depuis aout 2019. Mais hélas, comme dirait l’autre, la montagne a accouché d’une petite souris, donc le changement, lui, attendra. Circulez, y a rien à voir !
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