Au sommet de Paris sur l’Afrique, un appel à « accélérer » la vaccination sur le continent

Cette conférence dédiée à la relance des économies africaines s’est conclue, mardi, sans nouvel engagement financier.

Le sommet international, convoqué mardi 18 mai à Paris, était consacré à la relance des économies africaines, durement ébranlées par les conséquences de la crise sanitaire. Mais c’est d’abord un appel à soutenir l’Afrique dans l’accès à la vaccination qui a été lancé. « Dans l’immédiat, la priorité absolue est de vaincre la pandémie », écrivent, dans le communiqué final, les dirigeants participant à l’événement.

Du partage équitable des doses existantes à la levée des brevets pour permettre la production de vaccins anti-Covid-19 sur le continent, plusieurs pistes ont été évoquées pour « accélérer les efforts ». Emmanuel Macron, hôte de ce sommet qui réunissait une trentaine de dirigeants africains et européens et plusieurs institutions multilatérales, a évoqué la nécessité « de développer, par des partenariats de financement et industriels, une capacité de production en Afrique des vaccins de type adénovirus, protéines recombinées et ARN messager, dans les prochaines semaines ».

Ces déclarations confirment le nouvel élan international autour de la levée des brevets sur les vaccins. Cette demande, initialement portée par l’Inde et l’Afrique du Sud, s’est longtemps heurtée à la résistance des Américains, des Européens et des Japonais, au nom de la défense de l’innovation. Mais le nouveau président américain, Joe Biden, a inopinément changé de pied le 5 mai, entraînant l’Europe dans son sillage.

Pas d’effet à court terme

Emmanuel Macron a présidé le sommet à Paris, mardi 18 mai 2021.

 

Reste qu’une telle solution n’aura pas d’effet pratique à court terme. Or, sur le terrain, le gouffre est déjà béant entre l’Afrique et le reste du monde en matière de vaccination. Seulement 1 % des vaccins administrés à travers la planète ont bénéficié au continent et moins de 1,3 % de la population africaine a reçu jusqu’ici une première dose.

Cet écart risque de se creuser avec la suspension, depuis le mois de mars, des exportations des vaccins AstraZeneca fabriqués par le Serum Institute of India. Principal pourvoyeur de l’initiative de solidarité Covax, le fabricant a fait savoir, mardi, qu’il espérait pouvoir reprendre ses livraisons « d’ici à la fin de l’année » seulement. De quoi mettre en péril tout le schéma de distribution de vaccins aux pays pauvres en pratique.

Etant donné le temps nécessaire à l’installation de sites de production sur le continent africain, Emmanuel Macron a expliqué mardi que les participants au sommet avaient convenu de « pousser l’ambition de Covax de 20 % à 40 % de personnes vaccinées en Afrique » dès 2021 grâce à des transferts de doses.

En attendant, l’urgence pour le continent se situe au plan économique alors que les effets de la crise risquent d’annuler vingt ans de développement. En 2020, plus de 30 millions d’Africains ont basculé dans l’extrême pauvreté. Après avoir connu sa première récession depuis un quart de siècle, l’Afrique devrait enregistrer une croissance presque deux fois plus faible que la moyenne mondiale en 2021, et de nombreux pays sont menacés par le surendettement.

 

Aucun engagement ferme

 

A l’aune des promesses égrenées mardi, il est pourtant difficile d’affirmer que le sommet de Paris constituera le point de départ d’un « New Deal » du financement pour l’Afrique, comme l’avait souhaité Emmanuel Macron. Aucun engagement ferme n’aura été pris à l’issue de la conférence. Les participants se sont contentés d’affirmer qu’ils poursuivraient les discussions autour des Droits de tirage spéciaux (DTS), ces actifs monétaires du Fonds monétaire international (FMI) qui peuvent être convertis en devises. Grâce à une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars, dont le principe a déjà été acté, 33 milliards devraient revenir mécaniquement à l’Afrique, par le jeu des quotes-parts au sein de l’institution.

Ce sont pourtant 285 milliards de dollars dont l’Afrique va avoir besoin d’ici à 2025 pour pouvoir contrer les effets de la pandémie, selon le FMI. Mardi, Emmanuel Macron a annoncé vouloir réallouer au continent les DTS revenant à la France et appelé l’ensemble des pays riches à faire de même pour atteindre un total de 100 milliards de dollars. Un « accord politique » pourrait intervenir au prochain sommet du G7 ou du G20, soit entre juin et septembre, a-t-il précisé.

Pour le président français, ce sommet aura été l’occasion de mettre en scène sa volonté de retisser les relations entre la France et l’Afrique. Alors que sa présence, à la fin du mois d’avril, aux obsèques du président tchadien, Idriss Déby, a ravivé l’exaspération d’une partie de la société civile africaine francophone vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale, cette réunion lui a permis de jouer une autre partition : celle d’une politique africaine orientée vers le soutien à l’économie et aux entreprises du continent, tournée davantage vers les pays anglophones et lusophones, largement représentés à Paris. La prochaine étape sera le voyage du chef de l’Etat au Rwanda puis en Afrique du Sud, à la fin du mois de mai.

 

Marie de Vergès

 

 

Source : Le Monde

 

 

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