Mémoire – Avec WikiAfrica, les Africains prennent le pouvoir sur leur propre histoire

C’est une bible de connaissances et l’un des sites les plus visités du monde. Mais sur Wikipédia, les sujets qui concernent l’Afrique sont largement sous-représentés. En réaction, l’initiative WikiAfrica est née. Reasons to Be Cheerful raconte ce projet colossal.

Sur Wikipedia, il y a plus d’informations sur la France que sur tout le continent africain”, s’exclame le blog d’information Reasons to Be Cheerful.Histoire, politique, divertissement… En tout point, l’Afrique est la grande absente des contenus proposés par Wikipédia. Adama Sanneh, élevé à Milan par une mère italienne et un père sénégalo-gambien, a mesuré l’ampleur du problème et ses conséquences après avoir travaillé en Afrique de l’Est.

En 2018, il crée l’initiative WikiAfrica Education, qui rassemble des centaines de citoyens du continent africain et de sa diaspora. Tous poursuivent le même objectif : produire et diffuser des connaissances sur l’Afrique, depuis l’Afrique. Pour y parvenir, Wikipédia, l’un des sites les plus consultés du monde (7 milliards de visites par mois), est apparu comme une évidence à Adama Sanneh. Les participants enrichissent Wikipedia de connaissances sur le continent africain en créant de nouvelles pages.

Armés de livres et de savoirs

 

Un des événements de lancement de WikiAfrica a eu lieu à Johannesburg, en Afrique du Sud, en 2019. Pour l’occasion, le grand complexe du Constitution Hill Trust de la ville a été investi par des jeunes, armés de livres et d’ordinateurs. Face à eux, des militants, des spécialistes, des chercheurs se tenaient debout, et ont raconté des histoires sur les riches heures de l’Afrique du Sud, rapporte Reasons to Be Cheerful. :

Des Sud-Africains emblématiques tels que le juge Edwin Cameron [membre de la Cour suprême, premier officiel sud-africain à déclarer publiquement sa séropositivité] et l’avocat Dumisa Ntsebeza [avocat et militant de la lutte anti-apartheid] étaient sur place pour partager leurs connaissances de première main sur la constitution et l’histoire de l’Afrique du Sud avec les participants. Puis, armés de ces connaissances, les jeunes ont formé des groupes de travail pour créer et développer des entrées Wikipédia sur les protagonistes de la démocratie de leur pays.”

Portée politique

 

Wikipédia est devenu un espace où les Africains écrivent et éditent directement leur propre histoire. Le geste est d’autant plus symbolique qu’“en Afrique l’histoire orale est tout aussi importante que ce que l’on trouve dans les manuels”. L’absence de traduction des langues indigènes rares expose le continent au risque de la disparition de récits précieux. Une étudiante ghanéenne de 27 ans, membre de l’initiative, a bien conscience de cet écueil. Alors, elle traduit des pages Wikipédia dans sa langue maternelle, le dagbani, parlée par “plus de 3 millions de locuteurs natifs” mais non reconnue à l’échelle internationale.

 

Dans les discours médiatiques, universitaires et enfin dans l’imaginaire collectif, l’Afrique reste sujette à un regard occidentalo-centré. Selon l’organisation Africa No Filters, au moins un tiers des articles publiés par des organismes d’information africains est en réalité repris d’agences de presse étrangères. Il est temps de faire passer les citoyens du continent de “consommateurs passifs” à “transformateurs actifs” de connaissances, clame Adama Sanneh.

 

 

 

 

 

Reasons to be cheerful

 

 

 

 

Source : Courrier international

 

 

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