La condamnation de la répression des manifestations au Tchad et le rejet d’un plan de succession d’Idriss Déby par le président français ne suffisent pas à calmer la révolte du peuple tchadien dans sa diversité. Pour les observateurs,Macron devra aller plus loin que des paroles pour stopper le processus de la succession dynastique programmée par le défunt président.
Les différentes manifestations depuis deux jours dans les différentes régions du Tchad étaient attendues par les observateurs dès lors que le conseil militaire de transition a violé la constitution pour nommer le général fils Mahamat Idriss Déby comme président intérimaire.18 mois pour simuler une transition programmée par le père qui lui avait donné tous les pouvoirs avant sa mort tragique au front contre les rebelles du Nord. Il s’agit d’un coup d’Etat constitutionnel que la France et ses partenaires africains du G5 Sahel ont ménagé dans la perspective d’accepter une transition civilo-militaire dans le cadre d’élections transparentes. Mais c’est sans compter sur une junte militaire qui a choisi son camp pour longtemps.
Les intentions sont claires. En nommant un ancien premier ministre d’Idriss Déby c’est la continuité d’un régime autoritaire dans le changement comme en témoignent la répression des manifestants dans les différentes régions du pays dont le bilan provisoire est de deux morts. La condamnation de la répression des manifestants par la France intervient à l’issue des entretiens à l’Elysée de Macron avec le président en exercice de l’UA, le congolais Félix Tshisekedi.
Cette réaction française s’arrête au bout des lèvres car Paris compte beaucoup sur le pilier de sa force Barkhane sans laquelle c’est tout le Sahel qui sera à la merci des Jihadistes qui semblent prendre beaucoup d’avance sur le terrain avec une nouvelle stratégie de prolonger le conflit jusqu’au golfe de guinée pour toucher la Côte d’Ivoire et le Bénin. L’Elysée ne veut pas quitter précipitamment le Sahel de peur de mettre en danger les chefs d’Etat du G5 Sahel. Et les sanctions économiques contre le Tchad pourraient se retourner contre la France dont les intérêts sont énormes malgré la faillite du pétrole dans ce pays et contre le peuple tchadien. La France pourrait exercer des pressions politiques en accord avec l’UA et la CEDEAO. La parole ne suffit pas pour rejeter le plan Déby Fils.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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