Y a-t-il eu de la cocaïne dans le Coca-Cola ?

Oui. Et la raison pour laquelle elle en a été retirée est encore plus surprenante.

C’est le soda le plus connu au monde. Le Coca-Cola, dont la marque est reconnaissable entre mille, avec sa couleur rouge et sa typographie singulière, est consommé partout sur le globe, jusque dans les coins les plus reculés.

Pourtant, si la renommée de ce soda ne fait aucun doute, son histoire quant à elle reste méconnue, tout comme sa composition, qui fait l’objet de tous les fantasmes.

Certains affirment que la recette du Coca-Cola est encore aujourd’hui secrète, jalousement cachée dans un coffre à l’abri des regards indiscrets. D’autres assurent que, lors de son lancement, cette boisson contenait de la cocaïne. De la cocaïne? Vraiment? L’Explication revient sur cette légende… qui n’en est pas une.

Alcool, cocaïne et pape

 

À regarder de près, la cocaïne est en fait intrinsèquement liée à l’histoire de cette célèbre boisson gazeuse. Une histoire commune que l’on pourrait qualifier de mouvementée. Et c’est peu dire.

Tout commence par l’ingéniosité d’un homme, Angelo Mariani. En 1863, quelques décennies avant l’invention du Coca-Cola, ce chimiste parisien remarque que le mélange de la cocaïne et de l’alcool dans le corps produit une autre substance, appelée cocaéthylène. Cette dernière provoque les mêmes effets que la cocaïne avec, en plus, une certaine euphorie. Le chimiste sent le bon filon et décide d’en commercialiser.

Il lance ainsi le Vin Mariani, un vin de Bordeaux dans lequel sont infusées des feuilles de coca. Son succès est immédiat et les plus grands noms s’arrachent ce puissant tonique, de Jules Verne à Alexandre Dumas en passant par Arthur Conan Doyle, Émile Zola et le pape Léon XIII, explique The Atlantic. Oui, un pape s’adonnait allègrement à la feuille de coca, et alors?

 

La renommée du Vin Mariani traverse l’Atlantique pour atteindre les États-Unis, où un homme, le Dr John Stith Pemberton d’Atlanta, décide de se lancer également dans le business du puissant breuvage. La Pemberton’s French Wine Coca, l’ancêtre de Coca-Cola, est née.

Mais alors que son entreprise commence à se faire un nom, le comté dans lequel il tient son affaire décide d’interdire totalement l’alcool –bien avant la prohibition nationale. Un véritable coup dur qui empêche la commercialisation de la boisson. Heureusement, Pemberton parvient astucieusement à se réinventer: il remplace l’alcool de sa mixture par du sirop de sucre. Son associé Frank Robinson imagine de son côté un nouveau logo et un nouveau nom pour la marque: Coca-Cola.

9 milligrammes par verre

 

Cette nouvelle boisson est officiellement lancée en 1886 et sa composition est alors loin de celle que l’on peut trouver aujourd’hui. Après avoir retiré l’alcool, le breuvage est en fait un étrange mélange d’eau gazeuse, de caféine, de sirop de sucre, des noix de cola et… environ 9 milligrammes de cocaïne, rapporte Science & vie.

On peut donc d’ores et déjà répondre à la question posée préalablement: oui, le Coca-Cola a bel et bien contenu de la cocaïne. Attendez! Ne videz pas votre bouteille de soda dans l’évier ou, pour les nez enfarinés, ne vous ruez pas dans un supermarché pour acheter des packs entiers de Coca-Cola. Ce serait peine perdue: de nos jours, il ne contient évidemment plus aucune trace de cette substance psychotrope. Et l’histoire de cette suppression vaut également le détour.

On pourrait penser que la cocaïne a été retirée du Coca-Cola pour des raisons de santé évidentes. Il n’en est rien. Cette drogue a été supprimée du breuvage pour calmer les craintes des Blancs du pays, qui estimaient que sa consommation poussait les personnes noires à commettre des viols.

À la fin du XIXe siècle, le Coca-Cola est avant tout une boisson pour les «intellectuels aisés», ajoute The Atlantic. Les classes les plus pauvres des États-Unis ne peuvent que regarder à travers la vitre les fontaines à sodas. En 1899, tout bascule. La compagnie se met à vendre son breuvage dans des bouteilles en verre et les plus défavorisés, notamment la population noire, peuvent désormais s’en procurer.

On pourrait penser que la cocaïne a été retirée du Coca-Cola pour des raisons de santé évidentes. Il n’en est rien.

 

Cette situation déplaît fortement à la classe moyenne blanche. Selon elle, la consommation de cette boisson par les personnes noires favoriserait l’addiction au sein des catégories pauvres de la société, augmentant par conséquent les crimes et les viols. Ce dernier point est particulièrement mis en avant, étant donné que l’une des vertus du Coca-Cola prônée à l’époque était de «revigorer les organes sexuels».

Les médias ont participé à diffuser ces craintes. Dans le Sud du pays, ils rapportent des histoires de «Noirs accro à la cocaïne» violant des femmes blanches. Sous la pression, le directeur de Coca-Cola remplace la cocaïne de sa boisson par du sucre et un peu plus de caféine en 1903 –soit onze ans avant que la cocaïne ne devienne illégale au niveau fédéral dans le pays, avec le Harrison Narcotics Tax Act.

Une recette pas si secrète

 

Aujourd’hui, il serait inimaginable de se prendre 9 milligrammes de cocaïne à chaque verre de Coca-Cola. Pour autant, la firme n’a pas abandonné l’utilisation des feuilles de coca dans la confection de sa boisson phare. Ces dernières sont cependant «décocaïnisées» grâce à un procédé chimique permettant d’en extraire les éléments psychoactifs. Bref, il n’y a plus de coco dans votre cola.

Qu’en est-il de cette fameuse recette secrète, enfermée à double tour dans un coffre? Au risque de briser le mythe, la formule du Coca-Cola n’a rien de mystérieux… il n’y a qu’à regarder la liste des ingrédients indiqués sur votre canette.

 

Quant au dosage, une technique particulière appelée chromatographie permet d’identifier facilement les différents composés d’un mélange, ainsi que leur quantité au millionième de millilitre près. Sa recette n’a donc aucun secret pour les chimistes et la concurrence.

Robien Tutenges

Source : Slate

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