L’expérience du racisme rend-elle malade ?

Aux États-Unis, plusieurs études statistiques font le lien entre expérience du racisme et problèmes de santé.

Dans une série d’enquêtes vidéos, le magazine américain Vox aborde les injustices liées à la «race» aux États-Unis –pays dans lequel les statistiques ethniques sont autorisées. L’un de ses épisodes animé par le journaliste Christophe Haubursin interroge le lien entre l’expérience du racisme et la santé.

Aux États-Unis, on sait depuis longtemps que l’espérance de vie varie selon qu’on est Noir ou Blanc. Les personnes hispaniques vivent en moyenne 82 ans, les personnes blanches 79 ans et les personnes noires 75 ans. L’écart reste sensiblement le même une fois les disparités économiques et éducationnelles lissées, explique Haubursin.

Le docteur Jacquelyn Taylor, directrice du centre de recherches sur les personnes de couleur à l’université de Columbia à New-York, le résume ainsi: «Le racisme, ces micro-agressions accumulées avec le temps, est comme une mort lente par un millier de petites coupures

 

Le racisme est un facteur aggravant

 

Une des études statistiques que cite le journaliste s’est attachée à quantifier le sentiment «d’être soigné et en bonne santé» des individus. Chez les personnes blanches, il est de 57% et pour les personnes hispaniques de 48%. Cependant pour les personnes qui s’identifient comme hispaniques mais qui sont perçues comme blanches, le taux grimpe à 56%. L’écart est encore plus fort entre les Amérindiens selon qu’ils sont perçus par la société comme Blancs ou non, respectivement 52% et 36%, les chiffres sont sensiblement les mêmes pour les personnes métisses selon qu’elles sont perçues comme majoritairement noires ou blanches.

En 2015, David Chae a mené une étude en essayant de mesurer le racisme autrement que par la perception de ceux qui en sont victimes. Ainsi, il a comparé les recherches internet à caractère raciste contenant le «n-world» [ndlr, équivalent du mot «nègre» en français, considéré comme une insulte aux États-Unis et à ne pas confondre avec «nigga» qui est par exemple utilisé dans des paroles de chanson par des personnes noires] avec le taux de mortalité des Noirs. Dans une zone géographique donnée, plus le mot est recherché, plus la mortalité des personnes noires augmente suggérant ainsi que «le racisme est un facteur aggravant de la différence de mortalité entre les Noirs et les Blancs», assure Chae. Le chercheur admet par ailleurs que sa méthode quantitative contient elle-aussi des biais.

David Williams, sociologue spécialiste des liens entre race, racisme et santé à Harvard, affirme que le lien entre stress chronique et problèmes de santé n’est plus à prouver, et que l’expérience du racisme engendre ce stress: «Je le sens dans mon corps à chaque fois que j’aperçois une voiture de police, ma pression sanguine s’accélère.» Les personnes qui vivent des discriminations sont plus susceptibles de développer du diabète, des cancers ou des problèmes cardio-vasculaires. David Williams le résume ainsi: «Ils vieillissent plus vite que les autres

C’est à ce vieillissement accéléré que s’intéresse un autre travail de recherche qui utilise cette fois le concept de «charge allostatique» soit «la contrainte physique sur le corps, produite par les hauts et les bas répétés de la réponse physiologique, les changements dans le métabolisme et l’impact de l’usure sur un certain nombre d’organes et tissus, qui peut prédisposer l’organisme à la maladie.» Mesurée de 1 à 5, elle est toujours plus élevée pour les personnes noires américaines que pour les personnes blanches américaines: entre 18 et 25 ans, elle est de 1,1 pour les Blancs, 1,6 pour les Noirs; entre 35 et 44 ans 2,4 pour les Blancs contre 3 pour les Noirs. Le plus parlant est certainement le fait qu’entre 45 et 54 ans elle est de 4 pour les Noirs de même que pour les Blancs mais cette fois entre 55 et 64 ans.

 

 

 

Repéré par Nina Pareja

Repéré sur Vox

 

 

 

 

Source : Slate

 

 

 

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