
Nouakchott est un désert intellectuel où les pèlerins des arts et de la culture sont comme les assoiffés perdus dans ces immensités qui n’ont pour limites que l’horizon. Ils sont voués à une mort lente et certaine. Seuls, ils errent comme des âmes en peine, à la recherche d’un cœur d’attache.
Cette ville qui compte un peu moins d’un million d’habitants ne compte pas une structure engagée et sérieuse, destinée à la valorisation de la culture ou de l’artisanat. Pourtant, cela ne nous empêche pas de nous gargariser à longueur de journées, à travers des discours interminables, de qualificatifs dithyrambiques relatifs à notre supposé don de créativité ; nous serions au pays du » million de poètes « . Tous poètes que nous sommes, nous accordons aux écrivains qu’une petite maison louée dans une ruelle anonyme d’un quartier banal ; les bibliothèques sont presque inexistantes ; les rares individus qui voudraient étancher leur soif de lecture pourraient se rabattre – et encore ! – sur ce qu’il est convenu d’appeler la Bibliothèque nationale. Un bien grand nom pour un débarras où sont empilés quelques livres. Les artistes ne sont pas mieux lotis, ils vivotent dans l’indifférence entre les murs d’une maison commune dans le quartier de Tevragh Zeïna. Les artisans font ce qu’ils peuvent pour exister.
Dans ce climat fade fait de plagiat, les pâles versificateurs sont élevés au stade de poètes et les écrivaillons en chantres de notre culture. Le pays du million de poètes ne compte pas une maison d’édition, pas une structure de distribution digne de son nom.
On aura aussi beau chercher on ne trouvera pas un village artisanal, qui est pourtant un excellent moyen de faire connaître cet aspect de notre culture. Ne parlons pas de l’art puisqu’on trouvera toujours quelqu’un qui émettra une Vetwa pour le classer d’emblée parmi les occupations de mécréants. Et on ne trouve pas mécréant cette course effrénée à l’accumulation des biens matériels. On trouve tout à fait normal que la recherche du bien soit plus valorisante que le respect de l’humain.
Valoriser sa propre personne et seulement elle, est aujourd’hui le visage derrière lequel se cache notre conservatisme, notre immobilisme, notre puérilité. Le seul élément qui frappe et que l’on prend souvent pour une spécificité culturelle, c’est le culte de notre propre identité supposée. C’est elle qui explique que l’on parle tant de la culture sans pour autant la montrer aux autres.
MOM
Source : Lauthentic.info
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