
Angel Di Maria et Marquinhos, deux joueurs du Paris Saint-Germain, ont été victimes de vols ce dimanche alors qu’ils disputaient un match contre le FC Nantes. Le mode de vie des joueurs en fait des cibles régulières et presque faciles pour les malfrats.
Ce dimanche soir face au FC Nantes, Angel Di Maria a cédé sa place à Leandro Paredes à la 62e minute de jeu. Pas parce que son Paris Saint-Germain venait de concéder l’égalisation ou qu’il était mauvais, non: l’information selon laquelle son domicile avait été cambriolé venait de remonter à l’entraîneur Mauricio Pochettino, qui a décidé de laisser son ailier argentin rejoindre au plus vite sa famille.
Présente au moment des (mé)faits, celle-ci n’a «rien remarqué», selon une source proche du dossier citée par l’AFP. D’autres ont eu moins de chance, à l’instar de l’entourage du capitaine parisien Marquinhos dont une résidence a été «visitée» durant la même soirée. Avec, pour le coup, «des violences» à l’encontre des personnes présentes, dont son père.
Ces deux cambriolages s’ajoutent à une liste déjà bien entamée cette année dans le vestiaire du PSG. 12 janvier: tentative de cambriolage au domicile de Marquinhos, déjà. 22 janvier: cambriolage du loft du gardien remplaçant Sergio Rico. 30 janvier: cambriolage chez Mauro Icardi pendant un déplacement de l’équipe à Lorient.
Mais les vols avec effraction ne sont pas un problème propre au Paris Saint-Germain. Les stars du football y sont confrontées dans tous les grands championnats. Où il est de notoriété publique que les salaires peuvent se chiffrer en millions. Où certains n’hésitent pas à afficher le luxe dans lequel ils vivent, via des publications sur les réseaux sociaux ou des déplacements privés en voiture de sport. Lorsqu’il est dévoilé, le butin se compose d’ailleurs souvent de montres, de bijoux et de véhicules, voire d’argent liquide.
La Suisse épargnée
Consécutivement à certaines affaires, les forces de police indiquent que les footballeurs ne sont pas particulièrement ciblés mais occupent simplement le genre de beaux logements qui aguichent les bandits. D’accord. Mais dans le cas particulier, il suffit toutefois à ces derniers de jeter un coup d’œil au calendrier des matchs pour savoir quand la maison risque d’être inoccupée.
La Suisse, elle, semble épargnée par le Cambriolages Football Club. La médiatisation des pros du ballon rond n’y est pas comparable à celle dont ils font l’objet en France ou en Angleterre. Leurs salaires n’atteignent pas des sommets comparables (26 000 francs mensuels en moyenne en 2019). Leur quotidien ne se pare pas du même faste. Résultat: entre collègues de Super League, on ne s’échange pas de bons plans sur les meilleurs systèmes de vidéosurveillance et on commente les mésaventures des «confrères» d’autres pays sans se sentir trop concernés…
L’ancien international Gelson Fernandes, lui, a vécu le phénomène de l’intérieur des vestiaires. Il jouait à Manchester City entre 2007 et 2009 lorsqu’une vague de cambriolages a sévi dans le Cheshire, région connue pour abriter les joueurs des clubs environnants de Liverpool, Manchester, Bolton, Wigan. «Dans le groupe, c’est chaque fois un choc, témoigne-t-il aujourd’hui. Plus que les biens volés, c’est d’imaginer ses proches en danger qui est insupportable. Certains joueurs ont commencé à investir dans la sécurité ou des patrouilles de quartier.»
Traumatismes évidents
Le mode de vie ostentatoire de certains joueurs est-il en cause? «C’est vrai que l’argent est moins tabou qu’avant, que les footballeurs et leurs femmes aiment les bijoux, les montres, et les affichent sur les réseaux sociaux. Mais je ne suis pas sûr qu’être plus discret changerait quelque chose. Je pense qu’ils sont épiés et suivis dès la sortie du centre d’entraînement. On sait où ils habitent, quel trajet ils font, quand ils jouent, à quelle heure se termine le match…»
Difficile de faire abstraction de la problématique suivant le contexte. Comme, au FC Metz, quand sept cambriolages sont perpétrés chez des joueurs pendant des matchs à l’automne 2014. Ou à Dijon l’hiver dernier, où plusieurs footballeurs y passent aussi. Ou à l’Olympique de Marseille, dont la liste des vedettes cambriolées aurait presque de quoi faire trembler le stylo du renfort à la signature de son transfert.
Certains en rigoleraient presque, à l’instar de Lassana Diarra, qui tweete: «Ça y est, dépucelé!» après une visite à domicile en son absence en 2016, mais d’autres ont de bonnes raisons d’être traumatisés. En 2011, le Brésilien Vitorino Hilton est séquestré et tabassé devant ses enfants. En 2014, le Gabonais Mario Lemina reçoit coups et menaces devant sa femme enceinte. Dans le même genre, le gardien suédois d’Everton Robin Olsen a vu il y a quelques jours des malfrats faire irruption chez lui armés de machettes…
Dans aucun de ses neuf clubs répartis entre cinq pays Gelson Fernandes n’a reçu une sensibilisation sur ces questions. «Je pense qu’il serait temps, désormais», conclut-il.
Collaboration : Laurent Favre
Lionel Pittet
Source : Le Temps (Suisse) – Le 15 mars 2021
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