Mauritanie : Ould Abeid se tire une balle dans le pied

Les révélations cette semaine de Balla Touré leader du nouveau mouvement SPD  (Sursaut populaire démocratique) sur Radio Diaguili International portant sur l’argent  versé par le milliardaire mauritanien Bouamatou rentré de son exil à Ould Abeid relance le débat en Mauritanie sur la transparence des financements des campagnes des candidats présidentiels de l’opposition.

Ces révélations explosives qui alimentent de leurs débordements cette semaine la blogosphère et les réseaux sociaux, discréditent surtout le président de l’IRA fer de lance du mouvement abolitionniste et adulé par les mauritaniens au-delà de son appartenance à la composante nationale haratine.

Venant d’un dissident longtemps proche de Biram Abeid les observateurs ont tendance à considérer qu’il s’agit d’un dénigrement ou d’un règlement de compte mais ces polémiques éclairent quoiqu’on dise sur le financement de la dernière campagne présidentielle de Ould Abeid estimé à 200 millions d’ouguiya qu’il a lui-même reconnu pour répondre à ces allégations en précisant qu’il n’a pas de compte à rendre à personne.

C’est un aveu troublant pour une figure emblématique de l’opposition incontournable dans le paysage politique ces dernières années. Trois fois candidat malheureux aux présidentielles avec des résultats honorables et aujourd’hui député de l’IRA Ould Abeid s’est lui-même tiré une balle dans le pied en exposant sur la place publique le manque de transparence financière de l’IRA.

Une cachoterie avec l’organisation qui laisse planer des accointances possibles avec le régime de Ould Aziz notamment dont il fut la principale cible durant ses deux mandats. Une stratégie de l’ex-président pour faire du chef charismatique un champion de la lutte anti-esclavagiste qui lui a valu d’ailleurs des prix internationaux.

Cet argent reçu du milliardaire Bouamatou devenu l’ennemi numéro un de Ould Aziz au point de prendre le chemin de l’exil est un secret de polichinelle pour l’ancien président qui avait dans une de ses sorties médiatiques fait allusion à la corruption de certains leaders de l’opposition.

Hormis ces querelles intestines le nouveau leader du mouvement Sursaut populaire démocratique aura au moins confirmé l’opposition crypto-esclavagistes de la gouvernance militaire symbolisée en dehors de Ould Abeid les autres opposants Ould Boulkheir et Ould Houmeid opposants dialoguistes.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste