L’espoir né de l’élection de Ould Ghazouani est en train de se transformer en désespoir pour les mauritaniens d’en bas avec quatre crises sociales importantes. La hausse des prix des denrées alimentaires et la pénurie des médicaments, la révolte des riverains de la décharge de Tivirit, la résistance des populations de la vallée contre l’expropriation de leurs terres et les revendications des orpailleurs de Chami.
Une bombe sociale à retardement à laquelle le gouvernement de Ould Bilal fait face depuis plusieurs mois. C’est la gouvernance sociale qui est pointée par les observateurs. Une constance de fuite en avant des pouvoirs publics pour résoudre les problèmes d’inflation ou de pénurie de médicaments de déchets et de mise en valeur des terres agricoles.
Incontestablement ce sont les manifestations sporadiques depuis plus d’une semaine à Faralla dans le département de Mbagne qui éclipsent l’actualité nationale s’inscrivant dans le cadre d’un vaste mouvement de résistance des populations de la vallée contre les expropriations de leurs terres de cultures. Des protestations légitimes qui datent de 83 avec la loi de la réorganisation foncière et domaniale. A partir de 89 avec les déportations sous le régime de Ould Taya de milliers de propriétaires terriens ont perdu leurs biens.
A Faralla comme à Koylol Bilol et à Dar El Barka le mouvement de révolte ne faiblit pas. La réponse du gouvernement par des lacrymogènes est révélatrice d’un état répressif comme en témoigne la violence policière depuis plus d’un mois contre les habitants de la plus grande décharge à ciel ouvert du pays Tivirit non loin de la capitale mauritanienne.
Un mauvais héritage du régime de Ould Aziz loin de trouver une issue malgré la promesse ferme du gouvernement de Ould Bilal.
Les bonnes intentions ne suffisent pas à calmer la colère des riverains qui vivent depuis plus de 13 ans dans un environnement malsain occasionnant ainsi chaque année des cas de cancer et de graves maladies respiratoires surtout chez les enfants. Une odeur nauséabonde de poubelle qui risque de se transformer en bombe si les pouvoirs publics continuent de gagner du temps. C’est le même principe pour ce gouvernement quand il s’agit de lutter contre la hausse des prix des denrées de première nécessité.
C’est un ras-le-bol quasi général des mauritaniens qui en ont assez de la flambée des prix alors que le gouvernement vient de prendre des mesures qui semblent n’avoir pas eu d’effet sur les commerçants toujours récalcitrants. Et parallèlement à cette difficulté les citoyens font face à une pénurie de médicaments démentie par le gouvernement et exacerbée par la crise sanitaire provoquée par la pandémie covid-19.
Une double peine qui relance la gestion catastrophique des autorités de Nouakchott qui auront des difficultés à éteindre plusieurs feux en même temps dont dans une moindre mesure les revendications des orpailleurs de la ville nouvelle de Chami pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Ces crises sociales à répétition laissent planer un doute quant à la capacité du régime de Ould Ghazouani à mieux faire que son prédécesseur.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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