Interviewé par le Financial Times, le président français a précisé sa vision de la solidarité internationale en matière de vaccination. Il propose que les pays riches envoient 4 à 5 % des doses dont ils disposent aux pays africains, pour éviter ce qu’il appelle une “guerre d’influence” vaccinale.
C’est dans le salon virtuel d’une visioconférence qu’Emmanuel Macron a rejoint la semaine dernière trois journalistes du Financial Times, afin de détailler sa position sur la solidarité avec le continent africain. “Si on laisse s’installer l’idée que des centaines de millions de vaccins sont en train d’être administrés dans les pays riches, et qu’on ne commence pas la vaccination dans les pays pauvres, c’est insoutenable”, a déclaré le chef d’État. Il prône l’envoi par les pays occidentaux de “4 ou 5 % des doses” dont ils disposent dans les pays d’Afrique.
“Ça ne va pas changer nos campagnes vaccinales”, affirme-t-il. Il précise que cette idée est soutenue par la chancelière allemande Angela Merkel, ajoutant :
Je pense que ça doit être une initiative pleinement européenne et coopérative. […] Il faut libérer des doses vite en direction de l’Afrique, et j’espère convaincre nos amis américains de faire pareil.”
Le président français a présenté sa proposition au sommet du G7 vendredi 19 février, plaidant pour l’envoi immédiat de 13 millions de doses de vaccins anti-Covid sur le continent africain, afin que les 6,5 millions de soignants y soient vaccinés.
Diplomatie du vaccin
Si Emmanuel Macron a mis en avant l’enjeu de la solidarité lorsqu’il était interrogé par le quotidien britannique, c’est sur un autre aspect qu’il a insisté auprès de ses homologues à Munich : “Si nous, Européens, Américains, savons livrer le plus vite possible ces 13 millions de doses, ça vaut notre crédibilité”, a-t-il fait valoir : “alors l’Ouest sera considéré en Afrique”. En revanche, “si nous annonçons des milliards aujourd’hui pour donner des doses dans six mois ou un an, nos amis africains iront acheter des doses aux Chinois, aux Russes”.
En effet, plusieurs pays d’Afrique se sont déjà tournés vers Pékin et Moscou pour se procurer des doses des vaccins Sinopharm et Spoutnik V. Mercredi 21 février, le Sénégal a par exemple reçu 200 000 doses du vaccin chinois et compte commencer à vacciner sa population à risque d’ici à la fin du mois. Le Botswana, les Seychelles ou encore la République démocratique du Congo ont aussi commandé des doses à la Chine, tandis que l’Algérie, l’Égypte et la Guinée ont choisi le vaccin russe.
Les dirigeants du G7 sont tombés d’accord vendredi 19 février pour augmenter leur contribution à la vaccination anti-Covid dans le monde, qui passe à 7,5 milliards de dollars. Le programme Covax piloté par l’OMS s’est fixé pour objectif de fournir des doses de vaccin contre le Covid-19 à 20 % de la population de près de 200 pays et territoires. Mais la grande incertitude concerne le calendrier de livraison des doses aux pays africains, au moment où d’importants retards freinent déjà les campagnes de vaccinations des pays occidentaux.
Source : Courrier international
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com