Pour la Maison-Blanche, l’interlocuteur du président américain doit être le roi d’Arabie Saoudite, et non pas le prince Mohammed ben Salmane. L’homme fort de Riyad avait eu les faveurs de Donald Trump, mais la nouvelle administration souhaite un “recalibrage” des relations saoudo-américaines.
“La porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a déclaré [le 17 février] que Joe Biden souhaite ‘recalibrer’ les relations avec l’Arabie Saoudite, et qu’il considère que son interlocuteur est le roi Salmane, et non pas le prince Mohammed”, rapporte le journal britannique The Guardian.
“À Washington, la question est de savoir si cela représente seulement une rebuffade symbolique, ou plus sérieusement une volonté de faire pression [pour obtenir] une mise à l’écart de MBS de la ligne de succession” dynastique, ajoute le journal.
Cette déclaration intervient alors que la nouvelle administration américaine avait déjà marqué sa prise de distance vis-à-vis de la politique étrangère menée sous les auspices du jeune prince. Début février, elle a en effet annoncé la fin du soutien américain aux opérations offensives des Saoudiens dans la guerre du Yémen.
Qui plus est, note The Guardian, Washington se prépare à publier un rapport sur l’assassinat de Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien tué et démembré au consulat saoudien à Istanbul en 2018. Cette publication pourrait intervenir “pas plus tard que la semaine prochaine”, selon The Guardian. La CIA avait conclu à une implication directe de Mohammed ben Salmane dans ce meurtre, mais l’ancien président Donald Trump avait bloqué la publication du rapport.
Cela étant, pour l’actuelle administration, la question “va probablement bien au-delà des analyses des services du renseignement sur l’implication personnelle de MBS dans ce meurtre”, écrit le journal en citant Michele Dunne, directrice du programme Moyen-Orient à la Fondation Carnegie : “Le monde entier a un problème avec l’idée que MBS accède au trône, parce que tout le monde a vu à quel point il est impulsif et brutal.”
“C’est un message clair que Biden envoie à la famille royale saoudienne. Tant que MBS est [là comme successeur désigné], l’Arabie Saoudite sera traitée en tant que paria”, ajoute The Guardian. Et de citer Bruce Riedel, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut Brookings : “Je pense que la meilleure chose serait de le relever. Il pourrait se retirer dans son château en France”, à Louveciennes, en région parisienne, où il possède depuis 2015 une bâtisse à la Louis XIV, réputée comme étant la résidence privée la plus chère au monde.
Mais le journal souligne également les contraintes auxquelles les Américains risquent de se heurter. Car le roi, bien que “fonctionnel”, est quand même “très vieux”. Et comme il n’est guère impliqué dans la gestion au quotidien, “ils finiront par vouloir parler directement à MBS”, à en croire un homme d’affaires saoudien.
Source : Courrier international
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