
L’armée birmane a pris le pouvoir lundi 1er février lors d’un putsch contre le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi. Ce coup d’État survient après plusieurs jours de tensions entre le gouvernement civil et les militaires qui accusent le parti au pouvoir de fraudes lors des législatives de novembre.
“Réseaux téléphoniques et internet interrompus dans les grandes villes”, “vols domestique suspendus”, “aéroport international de Rangoun fermé”… La Birmanie était partiellement coupée du monde lundi pendant que la puissante armée birmane organisait un coup d’État contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, raconte le New York Times.
La cheffe du gouvernement civil, réélue démocratiquement en novembre dernier, a été arrêtée à l’aube avec d’autres hauts représentants de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). Les militaires accusent la formation d’Aung San Suu Kyi de fraudes électorales lors des législatives remportées par le parti.
“Voilà des mois que l’armée mène campagne pour discréditer le résultat des élections malgré l’absence de preuves solides”, note Al-Jazira. L’armée, qui se voit attribuer un quart des sièges au parlement birman, exerce aussi une partie de son pouvoir à travers le Parti de l’union, de la solidarité et du développement (USDP), une formation d’opposition alliée aux militaires qui a obtenu de mauvais scores aux dernières élections de novembre.
Fin janvier, les militaires avaient soulevé la possibilité de prendre le pouvoir et d’abroger la Constitution si le gouvernement ne leur permettait pas de procéder à des vérifications concernant le résultat des législatives.
Jeudi, la commission électorale birmane a rejeté les accusations de fraude formulées par l’armée. Cette dernière a ensuite semblé faire machine arrière, assurant samedi qu’elle respecterait et protégerait la Constitution, “sans être parvenu pour autant à un accord” avec la NLD, précisait le week-end dernier le magazine Frontier Myanmar.
Après avoir pris le pouvoir lundi, l’armée birmane, a annoncé l’instauration de l’état d’urgence pour un an, rapporte le Myanmar Times. Cette décision est nécessaire pour préserver la “stabilité” de l’État, ont déclaré les militaires dans une annonce sur leur chaîne de télévision, NAME, ajoutant que le pouvoir était transféré temporairement au commandant en chef de l’armée, le général Min Aung Hlaing.
La Birmanie “engagée sur une voie périlleuse”
“Le moment choisi pour ce coup d’État s’explique facilement”, analyse Jonathan Head, correspondant de la BBC en Asie du Sud-Est. “Cette semaine, la première session du Parlement depuis les élections devait commencer, ce qui aurait entériné le résultat des élections en approuvant le prochain gouvernement. Cela n’arrivera plus”, constate-t-il.
En revanche, le journaliste a davantage de mal à comprendre la stratégie de long terme des militaires : “Que prévoient-ils de faire pendant l’année qu’ils se sont donné pour diriger le pays ? Le coup d’État va provoquer la colère de la population, si peu de temps après une élection au cours de laquelle 70 % des électeurs ont défié la pandémie de Covid-19 pour voter si massivement pour Aung San Suu Kyi”, souligne-t-il. “Connue pour être quelqu’un de têtu, il est peu probable qu’elle coopère avec un pistolet sur la tempe. Son allié, le président Win Myint, est la seule personne autorisée par la Constitution à décréter l’état d’urgence. Or, il a été détenu avec elle. Pour le moment, l’action militaire semble imprudente et engage le Myanmar sur une voie périlleuse”, estime-t-il.
Source : Courrier international
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