Coronavirus – Le vaccin de Pfizer entre espoir et invitation à la patience

L’annonce par le laboratoire américain que son vaccin était efficace à 90 % contre le Covid-19 a impressionné le monde scientifique. Mais si les premières doses pourraient être disponibles dès la fin de l’année, le grand public devra encore attendre plusieurs mois avant d’en profiter.

“Le monde a attendu des bonnes nouvelles sur les vaccins contre le Covid-19. Lundi, il en a reçu quelques-unes”, résume le site spécialisé dans l’information médicale Stat. Pfizer a annoncé qu’il avait développé en moins d’un an un vaccin efficace à 90 %, en partenariat avec BioNTech, un laboratoire allemand.

Le géant américain de l’industrie pharmaceutique “cimente ainsi son avance dans une course mondiale et effrénée qui a battu des records de vitesse”, commente le New York Times. En tout, rappelle le quotidien, onze vaccins sont en cours de développement, dont quatre rien qu’aux États-Unis.

Les études menées par Pfizer et BioNTech ont porté sur 43 538 volontaires, précise NPR. “Chaque participant a reçu deux injections espacées de vingt et un jours”, ajoute la radio publique américaine. Une moitié de la cohorte a reçu un placebo. Les essais cliniques vont continuer jusqu’à ce que 164 personnes contractent le virus.

Toutefois, note NPR, la FDA, l’agence américaine du médicament, veut plus de données avant d’autoriser toute distribution. Elle demande un suivi durant deux mois d’au moins la moitié des volontaires. C’est au cours de cette période que les effets secondaires les plus sévères se manifestent.

Même si l’annonce de Pfizer s’est faite par la voie d’un communiqué de presse et pas dans une revue scientifique, l’excitation est palpable chez les experts, impressionnés par une efficacité de 90 %, supérieure à celle de certains vaccins contre la grippe. “Ce sont des chiffres réellement spectaculaires”, admet Akiko Iwasaki, immunologiste à l’université Yale, dans le New York Times. “Je ne m’attendais pas à un taux aussi élevé.”

Parmi les spécialistes optimistes, le docteur Anthony Fauci, figure de la lutte contre le Covid-19 aux États-Unis. D’abord, un tel taux d’efficacité pourrait réduire la défiance d’une partie de la population dans les vaccins, explique-t-il à Stat. Il pourrait aussi faire oublier les difficultés de stockage et de distribution des doses, qui doivent être conservées à une température de – 70 °C.

Pfizer prévoit de produire environ 50 millions de doses d’ici à la fin de l’année, soit 25 millions de vaccins (deux injections sont nécessaires). Compte tenu des stocks limités, les autorités ont prévenu que le grand public devrait attendre l’an prochain, voire l’été 2021, avant d’avoir accès au vaccin, souligne le Wall Street Journal. Les premières doses seront réservées aux personnes les plus vulnérables et aux personnels de santé.

 

Politisation du vaccin

 

Bloomberg signale que Pfizer a signé un contrat de 2 milliards de dollars avec le gouvernement américain pour fournir 100 millions de doses. Mais cet accord a occasionné une forme de confusion.

Après l’annonce du laboratoire lundi, le vice-président Mike Pence a salué le partenariat public-privé mené dans le cadre de l’opération Warp Speed pour accélérer la fabrication d’un vaccin. Problème, Pfizer assure n’avoir reçu aucun financement public pour ses recherches. Ou comme le dit Vanity Fair : “Mike Pence s’est promptement fait envoyer ch…”

Le site Salon retient par ailleurs que Donald Trump Jr s’est interrogé sur Twitter quant au timing de l’annonce, suggérant que Pfizer et BioNTech avaient volontairement attendu une semaine après l’élection présidentielle américaine pour faire part de leurs avancées. Son père comptait sur un vaccin avant le scrutin pour séduire l’électorat. Interviewé sur CNN, Albert Bourla, PDG de Pfizer, a affirmé que le timing n’avait “rien à voir avec la politique”.

D’où une tribune dans le Washington Post s’inquiétant des polémiques à propos du vaccin : “L’administration Trump a fait une grosse erreur en politisant le coronavirus. […] Ne faisons pas la même erreur en politisant le développement d’un vaccin, ce qui pourrait conduire de nombreux Américains à refuser de se faire vacciner.”

Loin des considérations politiciennes, Wall Street semble avoir accueilli favorablement l’horizon même lointain d’une fin de crise. L’action Pfizer a gagné jusqu’à 15 % dans la journée. Mais, indique CNBC, des entreprises liées au tourisme, l’un des secteurs les plus touchés par le Covid, ont également connu une bonne séance : + 20 % pour TripAdvisor et Expedia ou encore + 36 % pour l’opérateur de croisières Carnival.

Le cours de l’action Zoom, en revanche, a perdu 17 points. Mais l’application de téléconférence fait partie des rares bénéficiaires de la pandémie. Ses revenus pour le trimestre qui s’est conclu en septembre ont progressé de 355 %, selon The Street.

Source : Courrier international

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