Tout avait plutôt bien commencé. Un «charretier» lauréat du bac et classé 2ème! Inédit. La communauté mauritanienne, celle de Facebook n’est pas en reste, chavire. Admiration comme dirait le chanteur. Ce n’est pas tant l’extraction sociale du nouveau bachelier qui impressionne. Pas seulement en tout cas.
Des élèves de condition (plus ou moins) modeste qui décrochent le bac, en se hissant à des rangs de classement enviables, cela arrive. Dieu merci. Le fait renvoie d’ailleurs à une expression imagée: ascenseur social. Celui dont tout le monde veut à condition que ce ne soit pas pour ceux du dessous. Et à une autre appellation, plus théorique mais un peu controversée et galvaudée : «méritocratie». Une « escroquerie » selon l’universitaire américain Daniel Markovitz qui déplore au passage que « toute une civilisation résiste à cette conclusion». La sienne.
L’universitaire aligne des arguments solides mais hors de notre sujet (mauritano-mauritanien). Revenons à notre sujet justement. Ce qui a marqué les esprits, c’est en réalité le rapport entre le métier exercé auparavant par le candidat, le succès qu’il a obtenu et entre les deux l’effort qu’on imagine immense.. Habituellement, l’un n’a pas vocation à mener à l’autre. C’est à peu près tout. A ce stade, il n’est fait référence à aucun rattachement autre que social.
D’où vient alors qu’à l’usage l’on ait observé une racialisation du propos? La raison immédiate et ponctuelle tient à une décision d’une ministre qui a souhaité féliciter et, semble-t-il, récompenser le bachelier iconoclaste. L’initiative est, au départ, bien intentionnée sans doute mais elle est apparue moins bien comprise et décryptée à l’arrivée. Du moins par certains.
Pourquoi récompenser le second et pas le premier ? Il se fait que le 1er se trouve être blanc et le « récompensé» noir. Il se trouve surtout que les faits se déroulent dans un pays où le tropisme racial est surdéterminant et affecte souvent les grilles de lecture et d’interprétation des événements. Et si, au-delà du rang de classement, la ministre avait voulu mettre en exergue un parcours singulier ?
Bien sûr que le 1er a droit aux félicitations et aux gratifications qu’appelle son rang de classement. On conviendra néanmoins qu’un élève « à temps plein », même performant, est plus dans la norme qu’un « élève charretier » qui réussit à ce niveau. Là est la différence. Et elle est de taille. Quant à la référence à la « discrimination positive», elle mériterait débat.
TB
Facebook – Le 06 novembre 2020
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