Portrait – Joe Biden, l’éternel revenant, prochain président américain ?

Âgé de 77 ans, le candidat démocrate a placé sa campagne sous le signe du “retour au bon vieux temps”. Mais cela suffira-t-il pour assagir Washington et rassurer les Américains après quatre ans de mandat de Donald Trump ? L’hebdomadaire britannique New Statesman dresse un portrait tout en nuances de l’ancien vice-président de Barack Obama.

 

Quand Barack Obama a choisi son colistier, en 2008, il n’a pas opté pour un homme qui, comme lui, devait changer le cours de l’histoire. Son choix s’est porté sur Joe Biden, qui lors des primaires démocrates avait pourtant dit de lui : “Voilà enfin un Noir américain intégré, qui s’exprime bien, propre sur lui, bel homme. Le rêve, quoi.” Mais cela n’a pas empêché Obama d’en faire son vice-président.

Biden avait plusieurs décennies d’expérience comme sénateur, en particulier dans le domaine de la politique étrangère, ce qui manquait à Obama. Mais en choisissant Biden, Obama montrait aussi qu’il pouvait fermer les yeux sur l’attitude d’un homme blanc d’un certain âge qui avait parlé de lui en termes condescendants. Il montrait ainsi aux électeurs, et en particulier à l’électorat blanc, que dire “Yes we can” [son slogan de campagne de l’époque] n’était pas nécessairement effrayant.

 

Avec Biden, le retour d’une certaine normalité

 

Une nouvelle fois, les États-Unis sont invités à faire un bout de chemin avec Joe Biden, qui essaie de convaincre les électeurs que les prochaines années n’ont pas à être perçues comme menaçantes. Elles pourraient au contraire être placées sous le signe de la normalité et de la sécurité.

Mais après huit années sous Obama et quatre sous Trump, les États-Unis sont divisés quant au voyage qu’ils veulent entreprendre. Certains Américains veulent revenir au calme après la pandémie de Covid-19, avec un président qui ne considère pas comme des traîtres ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, n’accuse pas les médias d’être des ennemis du peuple, ne dit pas de ceux qui réclament une plus grande justice raciale qu’ils haïssent leur pays. Mais d’autres Américains estiment que “la normale”, avec ses dysfonctionnements et ses inégalités extrêmes, est précisément ce qui nous a conduits dans la situation peu reluisante où nous sommes aujourd’hui.

Joseph Robinette Biden, Jr. a grandi dans les années 1940 et 1950 en Pennsylvanie (à Scranton, ville ouvrière, comme il le rappelle souvent), et dans l’État du Delaware. Son père était un vendeur de voitures d’occasion, descendant d’immigrants britanniques et français. Sa mère, telle qu’il la décrit, était une matrone irlando-américaine, du genre à menacer de rouer de coups un enseignant qui s’était permis de se moquer du bégaiement de son fils.

Biden n’était pas un élève brillant, mais il était populaire et athlétique. Il a étudié l’histoire et les sciences politiques à l’université du Delaware. C’était au début des années 1960 et Biden n’a guère participé au bouillonnement contre-culturel de l’époque. Il a épousé Neilia Hunter, a eu trois enfants et préparé un diplôme de droit à la faculté de droit de l’université de Syracuse — des études que Biden a qualifiées d’“ennuyeuses”.

Le droit avait tout de même un intérêt : il lui a permis d’entrer en politique. En 1969, Biden a commencé à travailler dans le cabinet d’avocats d’un démocrate très engagé politiquement, Sid Balick. Celui-ci l’a fait entrer dans un cercle qui essayait d’insuffler un nouveau souffle au Parti démocrate du Delaware. Ayant été au préalable enregistré comme indépendant, Biden s’est inscrit au Parti démocrate et a remporté un siège au Conseil du comté de New Castle.

 

Un vétéran de la politique américaine

 

Sa longue carrière politique a commencé en novembre 1970. Il y aurait une certaine poésie si, exactement un demi-siècle plus tard, le soleil d’automne se levait le 4 novembre 2020 sur une victoire de Joe Biden à la présidence.

En décembre 1972, six semaines après avoir été élu plus jeune sénateur au Congrès de Washington, Biden était dans la capitale fédérale quand il a appris que sa femme et sa fille étaient décédées et que ses fils, Beau et Hunter, avaient été grièvement blessés dans un accident de voiture. “Pour la première fois de ma vie, j’ai compris qu’on pouvait décider de se suicider, en conscience”, a-t-il rappelé en 2012 lors d’un discours devant des familles de soldats morts au front.

Biden a envisagé un temps de démissionner du Sénat, mais il en a été dissuadé. Suite à quoi il y a passé trente-six ans, se taillant une réputation de sénateur sachant tendre la main à l’autre camp et devenant président de la commission des Affaires judiciaires, ainsi que de la commission des Affaires étrangères. Il a brigué deux fois sans succès l’investiture démocrate pour la présidentielle. La première fois c’était en 1987. Pendant la campagne, on l’a accusé d’avoir plagié un discours de Neil Kinnock, le dirigeant du Parti travailliste britannique

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Emily Tamkin
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