Au Nigeria, un garçon de 13 ans a été condamné à dix ans de prison pour blasphème. Le directeur du musée d’Auschwitz propose d’être incarcéré à sa place. En quelques jours, plus de 150 personnes ont rejoint sa démarche.
Le 10 août dernier, la cour religieuse de l’État de Kano, dans le nord du Nigeria, a condamné Omar Farouq, un garçon de 13 ans, à dix ans de prison avec des “travaux d’intérêt général” pour blasphème.
Cette histoire, dont le représentant de l’Unicef dans le pays s’est saisi, a ému jusqu’à la Pologne, raconte le Washington Post. Piotr Cywinski, directeur du mémorial d’Auschwitz, a écrit dans une lettre ouverte au président nigérian :
Je ne peux pas rester insensible à ce jugement, qui est une honte pour l’humanité.”
Une peine à l’encontre du droit international
Il demande à Muhammadu Buhari d’accorder une grâce au garçon, incarcéré depuis février, selon le Washington Post. “Il ne devrait pas être privé de ses jeunes années et de son avenir et en subir les conséquences sur les plans physique, émotionnel et éducatif durant toute sa vie.”
Mais si la grâce n’est pas possible, écrit-il, l’historien polonais propose que “120 adultes volontaires du monde entier […] passent un mois chacun dans une prison nigériane”. D’après le quotidien américain, plus de 150 personnes, originaires d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord se sont déjà proposées.
Selon le représentant de l’Unicef au Nigeria, Peter Hawkins, cité par Premium Times, ce jugement “va à l’encontre de tous les principes fondamentaux des droits de l’enfant que le Nigeria, et donc l’État de Kano, s’est engagé à respecter”. Le Nigeria a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant en 1991 et a mis en application une loi sur le droit des enfants en 2003.
Un double système juridique
Dans le nord du pays, région majoritairement musulmane, douze États utilisent la charia comme “système juridique en plus des lois du pays”, précise la BBC. Le site britannique mentionne que la loi islamique dans ces États ne s’applique qu’aux musulmans.
Selon CNN, Omar Farouq a été arrêté pour avoir tenu “un langage grossier envers Allah lors d’une dispute avec un ami”. Au regard de la loi islamique, il est jugé en tant qu’adulte, puisqu’il a atteint la puberté.
Cette décision arrive après la condamnation d’un musicien de 22 ans, Yahaya Sharif-Aminu, lui aussi reconnu coupable de blasphème par la cour de Kano, le 10 août. Il a été condamné à mort pour avoir partagé une chanson sur WhatsApp. Son avocat a déposé un recours. Au Nigeria, l’exécution des peines de mort prononcées par un tribunal de la charia est rarissime. Depuis la réintroduction de ces tribunaux, en 1999, une seule a été exécutée, en 2002.
Source : Courrier international
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