Le seul bilan positif d’Aziz que chacun veut bien lui laisser, c’est d’avoir redoré le blason de l’armée, de l’avoir sortie de l’insécurité, de la misère et de l’humiliation. C’est d’ailleurs valable pour les forces de l’ordre en général. Chacun se souvient à la fin du règne de Taya des policiers qui vendaient leur pistolet, des militaires qui cédaient leur lit de camp. On pouvait acheter des kalachnikov à 70.000 mro et c’étaient les hommes d’affaires qui prêtaient des voitures à l’armée en cas de besoin comme d’ailleurs ils pouvaient parfois venir à la rescousse de l’Etat pour payer les salaires…
Sauf qu’Aziz n’y était pour rien dans le redressement de l’armée sinon au chapitre de l’intention car tout le reste a été fait par Ghazouani à la tête de l’état-major général des armées. Aziz a passé deux mandats à voyager dans le monde et on découvre aujourd’hui l’ampleur des affaires économiques qu’il gérait au détriment du pays mis à sac. On ne peut passer son temps dans le ciel à faire mille combines pour s’enrichir et redresser l’armée pour assurer la sécurité du pays.
Si Aziz veut demander où est passé le budget de l’armée et réclamer l’audit de la grande muette, il se tire une balle dans le pied car s’il y a bien une institution qui mérite en dernier d’attirer une enquête c’est bien l’armée car elle tient debout plus que jamais et revient de loin : tout le prouve ! la sécurité du pays quasiment encerclé par des conflits armés et l’état général du matériel. Si Aziz avait fait du pays ce que Ghazouani a fait de l’armée, les mauritaniens seraient sortis de la misère comme l’armée et ils auraient la sécurité économique comme nous avons la sécurité militaire.
Qui a tenu l’armée quand Aziz était entre la vie et la mort ? Qui a permis à Aziz de passer ses mandats à voyager pendant que d’autres assuraient la sécurité ? De toute façon, à voir le caractère d’Aziz, son tempérament colérique, sa soif d’argent frais, comment aurait-il pu redresser économiquement l’armée, stabiliser les forces qui la composent et assurer la paix ? N’est-ce pas flagrant que cela ne peut être que le fruit d’un homme comme Ghazouani si on en croit la façon avec laquelle il a apaisé la scène politique sauf ceux qui regrettent les tensions du temps d’Aziz pour avoir quelques postes indus…
Hier soir, Aziz a montré qu’il n’a pas changé : toujours plus manipulateur que jamais, plus menteur et autoritaire. Depuis que chacun sait une partie de l’étendue de ses forfaits économiques, il ne fait plus rire personne avec ce rire hier si sympathique car derrière il y a la froide manipulation d’un éternel ingrat capable de tout pour dominer et s’enrichir.
Toute sa carrière a été faite grâce à cette façon d’inspirer confiance, ce sourire. On le revoit encore dans les vidéos à ouvrir le chemin à Taya pour s’approcher du corps de feu Moctar ould Daddah ou pour laisser passer Khadafi, on connaît la suite… Tous ceux qui l’ont aidé, protégé, soutenu et enrichi, l’ont payé cher d’Ely Ould Mohamed Vall en passant par Bouamatou sans parler de Khadafi. Aujourd’hui il s’en prend à Ghazouani. Certains diront que les Etats n’ont que des intérêts, en effet Aziz est un état à lui tout seul, un état sans états d’âme.
Hier, il nous a sorti tout l’attirail de sa comédie habituelle sans le pouvoir d’éteindre la télé quand une question ne lui plaisait pas et pourtant on a bien senti qu’il aurait bien voulu le faire encore une fois contre tel journaliste insistant à qui il a dit en tapant du poing su la table l’air menaçant : « ça suffit, prenez-lui le micro »
Sa ligne de défense par feu de diversion est simple : d’abord énumérer des acquis pour que le petit peuple puisse se dire « on exagère, Aziz a tout de même fait des choses bien » . Il a construit l’aéroport, un palais des congrès, mis des lampadaires, acheté des avions etc. Tout cela est vrai mais ce n’est pas le sujet. Le sujet ce n’est pas ce qu’il a fait de bien mais l’étendue de ce qu’il a fait de mal or à ce chapitre, la liste des méfaits est interminable sur l’économie, l’unité nationale, l’éducation, la santé etc.
Après l’énumération des choses accomplies, il met au défi quiconque de sortir un ordre ou quoi que soit prouvant qu’il a été mouillé dans une affaire de détournement de fonds publics, d’abus de biens sociaux etc. Là encore cela ne tient pas car c’est un homme d’une intelligence redoutable qui depuis le début préparait la sortie ou le procès éventuel…
Tout a été fait oralement ou avec la complicité des élus à sa botte car il s’agissait d’une dictature implacable : vous exécutez les ordres ou vous perdez votre travail jusqu’à votre dignité. Ainsi, certainement guidé par les chinois jamais trop prudents, il a fait voter la scandaleuse convention chinoise par l’assemblée nationale !
De même pour quelqu’un qui a piétiné la constitution pour arriver au pouvoir, qui a envoyé les forces de l’ordre faire sortir de force un président de la cour suprême, qui a jeté en prison des hommes d’affaires, des journalistes, un sénateur sans aucun jugement, il ose dire qu’il ne s’immisçait pas dans les affaires de la justice…
Toujours au chapitre du droit, le voilà professeur de droit constitutionnel, c’est lui et ses avocats qui interprètent la constitution pour savoir à qui il doit répondre ! Et quand il ne peut pas se réfugier derrière le droit, il ment tout simplement avec un sang-froid inviolable. A l’entendre avec une assurance qui pourrait tromper un détecteur de mensonge dernière génération, Il est innocent pour tout, n’a jamais rien fait d’illégal et même le Ghanagate n’est qu’une escroquerie dont ont été victimes d’autres pays.
Et quand il ne peut pas mentir face à une question posée par quelqu’un qui ne craint plus son pouvoir de nuisance, il tend l’oreille comme s’il avait mal entendu alors qu’il réfléchit à la parade ou se met à rire pour gagner du temps et minimiser la question en disant « ça n’a aucun sens » puis il ne répond pas en regardant ailleurs et demande qu’on passe le micro à quelqu’un d’autre surtout que ceux qui posent les questions sont chez lui ; aucun n’oserait dire des choses vraies sans gants…
A propos de la liberté d’expression présumée florissante sous son règne : là encore il faut relativiser les choses. Seuls quelques francophones modérés ou des gens dont l’audience est faible ont eu droit de s’exprimer et encore, s’ils forçaient un peu le trait véridique, le pouvoir leur envoyait une soeur, un frère un parent à qui on disait « tu vois ce que fait ton frère, ton fils, ton proche cousin ». Alors la famille innocente terrorisée d’être prise pour cible par l’emploi ou même les impôts, vous appelle en vous priant de laisser tomber tel et tel…
Il suffit de voir ce qui est arrivé aux enfants de Haveni Ould Daha ou les Oulad Leblad pour comprendre le degré de cruauté du régime azizien face à des journalistes ou des musiciens contre lui avec une audience sérieuse au coeur de la société. Il faut lire le journaliste Bah Ould Saleck pour voir comment Aziz via les Ghadda a pillé son projet TV puis ils ont arrêté les financements pour bloquer les salaires des employés jusqu’à ce que Bah Saleck leur laisse le fruit de travail et de sa passion. Les Ghadda s’y connaissent en ces sortes de procédés. Il y a 15 ans, avant qu’Aziz ne leur permette de gonfler financièrement comme des poissons-lunes, ils étaient encore des petits commerçants, petits dans tous les sens du terme.
Après avoir introduit en Mauritanie les déodorants L’Oreal et subi le même sort venant d’autres commerçant, ma première épouse française a eu l’idée de représenter la marque française de maquillage et déodorants Bourgois en Mauritanie. N’ayant pas beaucoup d’argent et le marché étant faible, la maison-mère n’a pas voulu lui accorder une franchise mais ils ont été sensibles à la démarche en lui assurant qu’ils ne travailleraient qu’avec elle. Les Ghadda l’ont laissée trimer pendant 2 ans pour faire connaître le produit dans le marché. Chaque matin elle partait, avec son collaborateur mauritanien, dans sa petite 205 Peugeot avec quelques cartons. Petit à petit à base qu’un carton par-ci, quelques flacons par-là, Bourgois a fait son chemin.
Les Ghadda, croyant que la française avait la franchise, ont contacté directement la maison-mère pour pirater son projet et voler le fruit de son travail. L’histoire des hommes d’affaires mauritaniens est pleine de ces crimes silencieux en toute impunité. On se souvient de tel qui a acheté tout un stock de lait pour le faire pourrir et ensuite le remettre en circuit pour tuer le travail de quelqu’un. Que n’a-t-on pas fait pour couler Tivisky de Nancy Abderrahmane pour ne citer qu’elle. On se souvient de mon frère Zeidane qui représentait Mixta. Après l’avoir laissé trimer pour bâtir les premiers immeubles, un Bouchraya est allé voir Aziz et ils ont convaincu les espagnols de lui retirer ses droits sur la représentation, puis ils ont installé un neveu aujourd’hui en fuite recherché par Interpol. Il ne doit le succès de sa cavale qu’à un changement d’orthographe de son nom…
Les Ghadda n’ont pas pu convaincre Bourgois d’avoir une franchise ni de ne traiter qu’avec eux, ils ont alors interdit aux commerçants d’acheter le moindre flacon Bourgois sous peine de ne plus leur vendre les autres produits dont ils ont le monopole. La française a fini par laisser tomber puis elle a quitté le pays avec mon fils en bas âge. Vlane n’existait pas à l’époque, j’étais un petit marchand d’art et j’ai vécu des années avec les artistes dans une chambre parfois sans eau ni courant avant de devenir journaliste…
J’ai pardonné mais je n’oublie pas…
Avec Aziz les Ghadda ont atteint des sommets économiques qu’ils ne pouvaient imaginer et leur dernier rêve c’est de mettre la main sur la mine d’or d’Algold. J’espère que Dieu leur fera goûter leurs procédés consistant à s’accaparer le fruit du travail d’honnêtes citoyens. Cela dit je doit dire qu’ils m’ont contacté indirectement via une grande dame qui me voulait du bien quand j’étais bloqué en Italie pour soutenir Chezvlane. Etant alors loin du pays, au coeur du Covid, financièrement pris à la gorge, j’ai alors accepté d’oublier le passé car ils travaillent avec un ami qui m’a longtemps soutenu mais sitôt mon accord signifié, ils n’ont plus jamais répondu… Juste le plaisir d’humilier. Je n’ai rien dit jusqu’à ce que je lise le texte de Bah Ould Saleck qui prouve leurs procédés orduriers fruits de la culture de l’impunité…
Quant aux hommes d’affaires mauritaniens en général, lequel a fait fortune honnêtement sous les dictatures depuis 30 ou 40 ans ? Lequel n’a pas profité du trafic d’influence, recel d’abus de biens publics, concurrence déloyale, abus de position dominante, fraude fiscale, corruption d’agents de l’état, complicité de détournement de fonds publics etc…
Les mauritaniens resteront misérables tant que rien ne pourra encadrer l’enrichissement illicite et surtout tant que n’importe qui pourra voler l’idée d’un brave citoyen qui ne pourra jamais bénéficier de fonds pour développer ses affaires avec des banques qui prêtent à 13% sauf quand il s’agit de leur famille, de leurs amis ou de leur clan.
Pour en revenir à Aziz, hier il a étalé toute la panoplie de son savoir-faire en matière de manipulation mais cela ne prend plus. Il a baissé un peu le ton car il est encore en Mauritanie et on ne l’aura vu avoir peur qu’une fois c’est lorsqu’une journaliste lui a demandé ce qu’il pensait du rapprochement entre les Emirats Arabes Unis et Isreal sachant qu’Aziz se gargarise d’avoir chassé Isreal de Mauritanie. A ce moment on a vu Aziz tout petit incapable de dire un mot car il sait qu’aux Emirats il y a le magot et donc un mot et il cuit…
Quant à dire qu’Aziz a le droit de faire de la politique, il se trompe ! Même dans les vieilles démocraties, la justice peut vous retirer tous les droits civiques même aller voter…
A moins de toucher sérieusement à son portefeuille, Aziz restera une menace contre la Mauritanie car il a les secrets d’Etat, une fortune colossale si on en croit la fortune des petits types qui ont prospéré sous son aile prédatrice, un vaste carnet d’adresses et une soif de pouvoir inextinguible…
Ahmed Ould Soueid Ahmed
Facebook – Le 28 août 2020
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