Contestation – Violences policières contre Jacob Blake : l’Amérique redescend dans la rue

Trois mois après la mort de George Floyd aux mains des forces de l’ordre à Minneapolis, un nouveau cas de brutalité policière à l’encontre d’un homme noir, Jacob Blake, a fait redescendre des milliers d’Américains dans les rues.

 

La vidéo, filmée dimanche, a fait de tour du web et des rédactions. On y voit des policiers blancs de la ville de Kenosha (Wisconsin) tenter d’interpeller un homme noir, Jacob Blake, et lui tirer à bout portant dans le dos alors qu’il pénètre dans sa voiture.

Touché à plusieurs reprises aux vertèbres et à la moelle épinière, le père de famille de 29 ans – dont les trois enfants, à bord du véhicule, ont assisté à la scène – restera probablement paralysé à vie. “Il faudrait un miracle pour que Jacob Blake Jr puisse remarcher un jour”, a déclaré l’avocat de la famille, Ben Crump, à l’agence AP.

Ce nouvel exemple de brutalité policière, trois mois après le traumatisme provoqué par la mort de George Floyd, asphyxié sous le genou d’un policier blanc, a suscité une indignation immédiate.

Des manifestations ont été organisées lundi soir à Kenosha, mais aussi à Portland, New York et Minneapolis. Plusieurs d’entre elles ont dégénéré en échauffourées et en actes de vandalisme, notamment à Kenosha, rapporte le New York Times.

Les résidents de cette ville de 100 000 habitants “sont sortis de leurs maisons pendant la nuit, bouche bée devant les volutes de fumée visibles à des kilomètres”, écrit le quotidien. “D’après les témoins, un magasin de matelas, une église, un restaurant mexicain et un magasin de téléphonie mobile ont été détruits par les flammes”.

 

Garde nationale

 

La mère de la victime, Julia Jackson, a exhorté mardi les manifestants à défiler pacifiquement, tandis que le gouverneur démocrate de l’État, Tony Evers, a lancé des appels au calme, annonçant le doublement des effectifs de la garde nationale. Maires et gouverneurs craignent des débordements comparables aux nuits d’émeute et d’insurrection qui avaient suivi la mort de George Floyd.

La police de Kenosha, où près de 90 % des officiers sont blancs, n’a guère donné de détails sur les faits de dimanche, si ce n’est qu’elle avait été appelée pour une altercation. Selon l’avocat Ben Crump, Jacob Blake tentait de s’interposer dans une dispute entre deux femmes. Les policiers impliqués ont été suspendus et le ministère de la Justice du Wisconsin a ouvert une enquête.

Si l’on en croit le Daily Beast, avant l’affaire Blake, la police de Kenosha a connu “une longue histoire d’officiers violents, de plaintes pour corruption et de totale impunité”. Le site évoque notamment “l’effroyable passage à tabac, filmé, de deux adolescents” ou la bavure “mortelle” d’un policier “au premier jour de son retour sur le terrain”, après avoir été suspendu pour d’autres faits de violence.

Le magazine Newsweek reproduit les chiffres alarmants de l’association Mapping Police Violence (Cartographie de la violence policière), qui relève que, depuis la mort de George Floyd, il n’y a eu que trois jours sans aucun décès d’origine policière aux États-Unis.

Durant les deux cent trente-cinq premiers jours de l’année 2020 – et malgré le confinement dû à la pandémie de Covid-19 –, la police américaine a tué 751 personnes, dont 28 % d’Afro-Américains, alors que ceux-ci ne représentent que 13 % de la population.

 

“Nous avons peur en Amérique”

 

Une situation que la star du basket LeBron James a dénoncée une fois de plus mardi, relève The Hill. “Je sais que les gens en ont marre de m’entendre le dire, mais nous, les Afro-Américains, nous avons peur en Amérique. Hommes, femmes et enfants noirs, nous sommes terrifiés”, a-t-il déclaré.

Dans une colonne d’opinion publiée dans le Washington Post, Jonathan Capehart met en parallèle ce nouvel exemple de violence policière et l’intervention à la convention républicaine, qui se tient depuis lundi en Caroline du Nord, du couple McCloskey.

Restés dans les mémoires pour avoir brandi en juin dernier un fusil d’assaut devant des manifestants du mouvement Black Lives Matter, qui défilaient pacifiquement devant chez eux, les McCloskey ont lancé lundi : “Si nous ne jouissons pas d’un minimum de sécurité dans nos quartiers, nous n’aurons jamais la liberté de bâtir un futur radieux pour nous-mêmes, nos enfants et notre pays.”

M. Capehart juge ces propos “exaspérants” car “ils ne s’appliquent pas aux Afro-Américains. Allez dire cela aux trois enfants de Blake, qui ont vu leur père se faire tirer dessus par la police. Leur idée d’un ‘minimum de sécurité’ a été mise à mal par le bruit de sept tirs de balles.”

 

 

 

Source : Courrier international

 

 

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