Pour le Financial Times de Londres, un journaliste britannique fan de foot explique ce qui fait la singularité du club de la capitale française, symbole de l’argent avec les investissements qataris mais aussi des banlieues populaires.
Le journaliste britannique Simon Kuper s’y connaît en foot. Il vit à Paris depuis presque deux décennies et est l’auteur de plusieurs livres sur le sujet. Dans les pages du Financial Times, il explique à ses concitoyens ce qui fait la particularité du Paris Saint-Germain, dont il décrit la transformation au fil des années, passant d’un petit club méprisé à un club de stars. Il ne faudrait pas croire que le PSG est “un “faux” club, sans histoire ou sans identité, créé par l’argent qatari et soutenu uniquement par des gens attirés par la gloire ou par des enfants.”
Le PSG est un club jeune, né en 1970, près d’un siècle après les grands clubs britanniques. Mais il est surtout un club populaire, qui a “des millions de supporters, principalement dans les banlieues peu riantes de la plus grande région métropolitaine d’Europe”. En France, rappelle Simon Kuper, le football est devenu, au fil du XXe siècle, un sport populaire raillé par les élites françaises. François Truffaut s’en moque dans Les 400 coups, le quotidien Le Monde a attendu 1995 pour enfin avoir une rubrique Sport et, à Paris, le PSG est associé à la banlieue. C’est peut-être justement ce qui fait sa force, car il offre une identité et des symboles communs à des populations d’origines différentes qui forment les plus de 12 millions d’habitants du Grand Paris.
L’achat du PSG par des investisseurs qataris en 2011 a bouleversé le destin du club. “Le Paris chic récupérait le club aux banlieues. Les nouveaux propriétaires, écrit Simon Kuper, ont redessiné le blason du PSG, mettant le nom de “Paris” en très gros, au-dessus d’une grande tour Eiffel, avec “Saint-Germain” en lettres plus petites en dessous.” Le Parc des Princes a été rénové et “Paris domine maintenant le foot français comme il domine toutes les autres sphères de la vie française”. Au revoir l’image de banlieue, au revoir “la lose” et bonjour les stars, comme Neymar et Mpabbé, achetées à coups de centaines de millions d’euros :
Mbappé vient de Bondy, une banlieue qui ressemble à une ville soviétique transplantée dans un vieux village français et dans laquelle on aurait greffé des fast-foods. Il est l’idéal platonique du banlieusard. Fils d’un Camerounais et d’une Algérienne, il incarne la mixité des banlieues. Titulaire du bac, s’exprimant dans un français “correct”, il incarne aussi l’idéal républicain. Même sa victoire à la Coupe du monde au sein de l’équipe de France en 2018 quand il avait 19 ans ne lui est pas montée à la tête. Sa courtoisie et sa bonne humeur font qu’il est difficile pour tous ceux qui en France détestent les Parisiens et le PSG de détester vraiment ce club sans aucune réserve.”
Il ne manque plus au PSG qu’une victoire en Ligue de Champions. En tout cas, pour Simon Kuper, le PSG a déjà réussi un “improbable tiercé : il est maintenant à la fois le club du Qatar, le club de Paris, et toujours et plus que jamais, le club des banlieues.”