Attaque terroriste – Au Sahel, une guerre sans fin

Le terrorisme est une hydre dont la tête ne cesse de repousser, déplore cet éditorialiste. L’assassinat de huit personnes, six Français et leurs guides nigériens, le dimanche 9 août au Niger, est une nouvelle preuve de la force des groupes terroristes dans la région.

Vingt personnes, toutes civiles, tuées le vendredi 7 août au marché de bétail de Namoungou, dans la commune de Fada N’Gourma, dans l’est du Burkina. Huit personnes, six touristes français, leur chauffeur et leur guide nigériens, tués ce dimanche 9 août dans la zone de Kouré, à l’est de Niamey, au Niger. C’est le bilan des dernières attaques d’individus armés non identifiés qui sévissent dans les pays du Sahel. Une zone où ils se sont sanctuarisés, au grand dam des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des civils qu’ils massacrent sans état d’âme.

De plus en plus, ces assauts meurtriers ne font plus l’objet de revendication de la part des groupes terroristes qui écument le Sahel, notamment la zone dite des “trois frontières”, où se rencontrent sans délimitation précise le Mali, le Burkina Faso et le Niger [et qui est devenue la zone la plus dangereuse de la région].

 

 

C’est cet espace dit de tous les dangers, où règnent en maîtres miliciens de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et éléments du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), proche d’Al-Qaida, que la force française Barkhane et les armées nationales essaient, jusque-là sans succès, de sécuriser à travers diverses opérations. Elles portent des coups durs à l’hydre terroriste mais, malheureusement, sa tête repousse aussitôt coupée.

 

Puissance de feu

 

Tout porte à croire que les forces du mal ont encore de beaux jours devant elles dans cette région sahélo-saharienne où les armées nationales, malgré la bravoure de leurs hommes, peuvent peu. Démunies et confrontées à l’éternel souci d’un service de renseignement très peu opérationnel, les armées, qu’elles soient du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad ou de la Mauritanie [toutes membres de la force G5 Sahel], ont toujours une bonne longueur de retard sur ces terroristes et individus armés non identifiés, dotés d’une puissance de feu inouïe et faisant surtout preuve d’une excellente maîtrise du terrain.

 

 

Face à des assaillants qui se déplacent avec une facilité déconcertante, sur des véhicules à deux roues, les Forces de défense et de sécurité sont toujours prises au dépourvu et périssent, souvent en masse, sautant sur des mines artisanales, dans des embuscades savamment tendues par l’ennemi.

Impuissants devant la montée en puissance de ces hommes sans foi ni loi, les pays du Sahel arrivent encore à d’en sortir grâce aux frappes régulières de la force française Barkhane qui peut affronter les terroristes dans des zones dangereuses, où s’interdisent d’aller les armées nationales.

 

Instabilité politique

 

La force G5 Sahel, quant à elle, est loin d’avoir atteint son plein régime de fonctionnement, le nerf de la guerre faisant défaut [l’argent délivré par la communauté internationale n’a jamais été à la hauteur des demandes des pays du G5 Sahel] et sa mise sous tutelle onusienne étant un facteur handicapant pour elle. Pour en rajouter, la menace de retrait des États-Unis ou la réduction de ses forces dans la lutte contre le terrorisme sur le continent ne sont pas des nouvelles réjouissantes pour le Sahel.

En tout cas, le Sahel est loin de sortir de la fournaise de l’insécurité, car, aux obstacles structurels auxquels sont confrontées ses troupes, accusées régulièrement d’exactions contre des populations civiles, se greffent des conflits ethniques, véritable hantise pour toutes les armées du monde.

 

 

 

De plus, élections rimant avec violences en Afrique, une instabilité sociopolitique pourrait affleurer dans cet espace géographique de l’Afrique de l’Ouest, dont la plupart des pays sont en attente de présidentielles et de législatives. Sans oublier que la Libye, véritable poudrière à ciel ouvert où la guerre par procuration continue de faire rage entre les troupes du maréchal Khalifa Haftar et le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU, crée un chaos propice à l’implantation de djihadistes de tous horizons.

Morin Yamongbe
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