Les Etats-Unis auront-ils une femme vice-présidente? Quel sera son rôle ?

Le démocrate Joe Biden doit annoncer dans les jours qui viennent le nom de sa colistière. S’il l’emporte le 3 novembre face à Donald Trump, elle deviendra la première vice-présidente de l’histoire des Etats-Unis.

 

1 – A quoi sert un(e) vice-président(e) ?

Une femme avait deux fils. L’un prit la mer, l’autre devint vice-président des Etats-Unis. Elle n’entendit plus jamais parler ni de l’un, ni de l’autre.

La blague, célèbre, a longtemps résumé la perception qu’avaient les Américains de leur « VP ». Au cours des dernières décennies, pourtant, les lignes ont bougé: le poste a gagné en visibilité, son titulaire en accès au Bureau ovale.

La Constitution confie au vice-président un rôle limité: elle stipule qu’il présidera le Sénat mais n’aura pas de vote, sauf si les 100 sénateurs élus ne peuvent se départager.

Elle stipule aussi qu’il remplace le président s’il décède ou démissionne. Au total, neuf vice-présidents sont devenus présidents dans ces conditions. Les derniers en date: Lyndon Johnson après l’assassinat de Kennedy, Gerald Ford après le départ de Nixon lié au Watergate.

« Si ces rôles demeurent, ils ne reflètent pas vraiment ce que fait un vice-président à notre époque », explique à l’AFP Joel Goldstein, professeur de droit à Saint Louis University.

Longtemps, le vice-président fut physiquement éloigné du pouvoir exécutif: son bureau était au Sénat. Le tournant, sur le fond comme la forme, a eu lieu avec la présidence de Jimmy Carter (1977-1981) qui fera une véritable place permanente au sein de la prestigieuse « West Wing » à Walter Mondale.

Depuis, personne n’y a touché: le VP a son bureau entre le secrétaire général et le conseiller à la sécurité nationale. Au-delà d’un accès beaucoup plus direct au président, la symbolique est forte.

2 – Quel est le pouvoir du « VP? »

Le vice-président moderne est « un super conseiller sur tous les sujets », souligne Joel Goldstein.

Ronald Reagan s’est largement appuyé sur les connaissances en politique étrangère de George H. W. Bush, ancien ambassadeur à l’ONU et ancien directeur de la CIA. Bill Clinton a pu compter sur Al Gore pour nombre de combats politiques.

Avec la vice-présidence Dick Cheney, un cap – excessif, selon nombre d’observateurs – a été franchi: l’influence du vice-président, particulièrement après le 11 septembre, est telle qu’elle suscite des interrogations sur le rôle exact du président George W. Bush.

« Dick Cheney a dit que j’étais le pire président qu’il ait connu. C’est drôle parce que moi je pense qu’il est le pire président que j’ai connu », ironisera plus tard Barack Obama lors d’un dîner des correspondants de la Maison Blanche.

3 – Comment Joe Biden voit-il le rôle ?

Au cours du XIXe siècle et dans la première partie du XXe, le candidat à la présidentielle ne choisit pas son vice-président, c’est son parti qui s’en charge. Il n’est alors pas question de complicité intellectuelle ou d’alchimie personnelle.

L’équation évolue après la Seconde Guerre mondiale pour se rapprocher d’un duo plus soudé.

Barack Obama et Joe Biden, qui ont travaillé pendant huit ans ensemble, ont franchi encore un cap en affichant une véritable complicité. Et Joe Biden a clairement indiqué qu’il cherchait à retrouver une alchimie similaire avec la femme qu’il désignera pour le poste.

« Je suis littéralement le dernier à rester dans la pièce avec le président, c’est comme cela que nous fonctionnons », soulignait-il en 2012.

Le contraste est saisissant avec les propos tenus, plus de deux siècles plus tôt, par John Adams, premier vice-président de l’histoire américaine, qui s’était plaint avec amertume de son sort dans une lettre à sa femme Abigail.

« Mon pays a, dans sa grande sagesse, conçu pour moi le poste le plus insignifiant jamais imaginé par l’homme ».

4 – 58 élections, pas une femme

Les Etats-Unis ont organisé 58 élections dans leur histoire: jamais une femme n’a été élue à la présidence ou à la vice-présidence.

Joe Biden a annoncé dès le mois de mars qu’il choisirait une co-listière.

« De nombreuses femmes ont les qualités pour devenir présidente à l’avenir. Je désignerais une femme comme vice-présidente », avait-il déclaré lors d’un duel télévisé face à son rival Bernie Sanders, qui s’était, lui, montré moins catégorique.

Deux candidats avant lui avait fait la même démarche: le démocrate Walter Mondale avec Geraldine Ferraro en 1984 et le républicain John McCain avec Sarah Palin en 2008.

« La différence cette fois-ci est que c’est la première fois qu’un candidat qui est perçu comme le favori et qui a une véritable chance de l’emporter choisit une femme », note Joel Goldstein.

AFP

 

 

Source : La Libre.be (Belgique)

 

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