
Ses derniers mots ont été enregistrés. Alors que le vendredi 3 janvier, trois policiers le plaquaient au sol sur le ventre, lors d’un contrôle routier aux abords de la tour Eiffel, Cédric Chouviat a crié « J’étouffe » à sept reprises, avant de succomber, révèlent Mediapart et le Monde ce lundi. Transporté dans un état critique à l’hôpital, le père de famille de 42 ans est mort le 5 janvier d’une asphyxie avec fracture du larynx.
Les quatre fonctionnaires présents lors de l’arrestation ont été placés en garde à vue mercredi 17 juin, et auditionnés par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Une information judiciaire est ouverte pour « homicide involontaire ». Les enregistrements du téléphone portable du chauffeur-livreur permettent de mieux comprendre les circonstances de sa mort. Cédric Chouviat avait tenu à conserver une trace de ses échanges avec la police et le micro sous son casque avait continué d’enregistrer malgré le plaquage au sol. Ces éléments vidéos et audio, ainsi que trois vidéos tournées par l’une des policières impliquées, durent au total douze minutes, et ont été versés au dossier.
Selon le rapport de l’IGPN, Cédric Chouviat « provoque les policiers en les filmant avec insistance durant tout le contrôle ». « C’est beau de vous mettre en spectacle », lui lance un agent. « J’ai le droit de filmer », rétorque le livreur. VIDÉO. Cédric Chouviat : les images de son interpellation À trois reprises, le contrôle semble se terminer mais un échange le relance, indique le Monde, qui cite en exemple le moment où un policier demande au quadragénaire de nettoyer sa plaque. Cédric Chouviat réclame en retour un « s’il vous plaît » et le fonctionnaire lui répond : « Ouais et alors vous croyez que je vais me mettre à quatre pattes je vais vous sucer la bite aussi. »« J’ai le droit de filmer »
Des bruits qui évoquent un contact physique suivent et le livreur demande aux fonctionnaires de ne pas le pousser. La situation s’envenime et un policier croit entendre « Fils de pute ». C’est en réalité « Pauvre type », qu’aurait plutôt répété à plusieurs reprises le père de famille.
Au bout de onze minutes, Cédric Chouviat lâche un « guignol », qui précipite son arrestation. Il est menotté. Un témoin affirme que le livreur subit une clé d’étranglement. « Arrête », « Je m’arrête », hurle-t-il. Puis : « J’étouffe », crié sept fois, selon le Monde et Mediapart. Quelques minutes plus tard, les policiers tentent un massage cardiaque. En vain. Après deux jours de coma, il meurt à l’hôpital européen Georges-Pompidou. La famille de la victime a dénoncé une « bavure policière » causée par des techniques d’interpellation « dangereuses ». Elle réclame une requalification des faits en « violences volontaires ayant entraîné la mort », un crime passible des assises, et la suspension des policiers.
LIRE AUSSI > La veuve de Cédric Chouviat accuse : « Il a connu la même souffrance que George Floyd » Quelques jours après les faits, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avait estimé que les résultats d’autopsie « (soulevaient) des questions légitimes, auxquelles des réponses (devaient) être apportées en toute transparence ». « S’il y a des fautes qui sont caractérisées, nous prendrons toutes les sanctions nécessaires », avait promis le ministre.
« Arrête, je m’arrête »
Source : Le Parisien
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