Accord de Tasiast Sud en Mauritanie : les enjeux d’un partenariat renforcé

En signant le 15 juin un nouvel accord de partenariat sur le site de Tasiast, Kinross et le gouvernement mauritanien officialisent leur souhait de renforcer leur collaboration et d’étendre la présence du minier canadien dans le pays.

Après plusieurs mois de discussions, Kinross et le gouvernement mauritanien sont parvenus à un accord pour l’exploitation du site aurifère de Tasiast Sud, qui fait ainsi l’objet d’une licence d’exploitation de trente ans. Cet accord constitue une nouvelle étape importante pour le minier canadien, qui exploite déjà la mine de Tasiast depuis 2010. La lettre d’intention signée le 15 juin est le préalable à un accord juridique définitif qui devrait intervenir sous trois mois, ouvrant la voie au démarrage des travaux d’exploration dans un délai d’un an.

Dans le contexte actuel de crise Covid-19, c’est un signal économique fort et le gage d’un «climat positif pour les investissements étrangers en Mauritanie», selon J. Paul Rollinson, le PDG de Kinross.

Système de redevance modernisé

 

Cet accord-cadre est marqué par de nouvelles modalités de collaboration très favorables au gouvernement mauritanien. Afin de sécuriser l’exploitation du nouveau site et de lui permettre de mieux recueillir le fruit des futurs bénéfices, le gouvernement obtient ainsi une participation de 15 % à titre gratuit, avec une option d’achat d’une participation supplémentaire de 10 % dans le projet une fois que les travaux de prospection et d’évaluation du potentiel de Tasiast Sud seront terminés. «Dans un souci de transparence», selon les termes du communiqué, le gouvernement nommera par ailleurs deux observateurs au conseil d’administration de TMSLA, principal opérateur privé du pays, ainsi qu’un membre de plein droit et un observateur au sein de l’entité qui opérera Tasiast Sud (SETSA).

Au-delà de cette évolution de la gouvernance, ce qui retient l’attention dans cet accord, c’est la modernisation du système de redevance. Alors que Tasiast entre dans une nouvelle phase de développement, Kinross a proposé à l’État mauritanien une augmentation des redevances basée sur le prix de l’or avec un double objectif : renforcer la stabilité de l’exploitation à long terme et proposer un partage équitable du produit de la mine en permettant à la Mauritanie de bénéficier d’un taux de redevance corrélé à l’évolution des cours de l’or.

Progressivité

 

La structure actuelle, établissant une redevance fixe de 3 %, remontait à 2006, époque à laquelle la mine était détenue par Red Back Mining racheté ensuite par Kinross en 2010. L’accord permettra, dès le 1 er juillet, la mise en place pour TMLSA et SETSA d’un système de redevance progressif venant la compléter. Pour l’État mauritanien, de quoi percevoir jusqu’à 3,5% en plus en fonction de l’évolution des cours de l’or, pouvant ainsi atteindre une redevance de 6,5% pour un cours de l’or de 1 800 $ par once. En cas de baisse significative des cours, le gouvernement mauritanien continuera à bénéficier d’une redevance minimale de 3%. «Cet accord garantit un partage équitable des bénéfices qui découlent de la mine de Tasiast entre Kinross et la Mauritanie, s’est félicité le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, Mohamed Abdel Vetah. “Tasiast est un contributeur important à l’économie mauritanienne et nous estimons que ce nouvel accord constituera une référence pour d’autres investisseurs étrangers”.

En modernisant la structure des redevances, cet accord la met en conformité avec le modèle actuel de convention minière, l’aligne sur d’autres juridictions minières et distingue la Mauritanie des pays de la sous-région, avec des taux dépassant ceux traditionnellement appliqués. À titre de comparaison, les redevances en vigueur au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso plafonnent à 5 %.

Albert Savana

 

 

Source : Financial Afrik

 

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