Pandémie Covid-19 Mauritanie : le fonds de solidarité sociale occulte les incertitudes de l’après-Covid-19

Le cri d’alarme d’un chef hôtelier cette fin de semaine à Nouakchott sur la crise du secteur et l’absence d’aide de l’Etat mauritanien ouvre le débat sur les incertitudes de l’après-Covid-19. Le fonds de solidarité sociale pour faire face aux implications sanitaires sociales et économiques apparaît comme un bouclier pour le président mauritanien. Derrière cette armure politique se cachent des incertitudes qui vont peser sur le quinquennat.

 La première incertitude qui plane sur le gouvernement est d’ordre sanitaire. Les mesures préventives contre le coronavirus n’ont pas donné les résultats escomptés après 3 mois de riposte. Au contraire l’explosion des infectés fait craindre le pire c’est-à-dire une surmortalité. Le prolongement du confinement de la capitale où sont concentrés les trois quarts des services tertiaires entraîne de facto une paralysie de l’administration et le ralentissement des activités économiques.

Entre un premier ministre qui découvre bien avant le coronavirus que son système de santé publique souffre de plusieurs maladies congénitales et son ministre de la santé tétanisé par la vitesse à laquelle se propage le virus au point de faire naître dans la capitale des bombes humaines ambulantes de covid-19 à travers tout le pays, les espoirs sont minces pour vaincre la pandémie.

Au final la sortie de crise de ce secteur vital s’annonce utopique au regard des milliards de nouvelle monnaie que le gouvernement devra mettre sur la table pour espérer poursuivre les réformes déjà engagées. La réussite plus ou moins visible réside dans le programme de résilience sociale. Le fonds de solidarité activé cette semaine permets aux 30000 familles de sourire avec le versement de 22500 ouguiya par ménage. Des incertitudes refont surface sur les aides de l’Etat aux secteurs de l’hôtellerie du tourisme et de la restauration qui font face à des chômages partiels voire chômage de leurs personnels.

Le prolongement de deux mois encore de la crise pourrait aggraver la descente aux enfers du tertiaire. Le coronavirus n’a pas épargné également l’agriculture et l’élevage les deux secteurs vitaux de l’économie qui participent pour une part importante au PIB. Le confinement menace les récoltes et les aliments de bétail.

Des incertitudes planent sur la campagne agricole 2020 et les aides au monde rural pour faire face à la fermeture des frontières dont les retombées économiques et sociales sur les populations de la vallée sont visibles. Menaces de famine et de soif. C’est concrètement la colonne vertébrale de l’économie qui est pointée du doigt avec en toile de fonds une décroissance qui va peser sur le porte-monnaie des mauritaniens déjà fragilisés avec une nouvelle monnaie dévaluée.

Le coronavirus va davantage gonfler la dette publique qui va dépasser les 100 pour cent du PIB avant la crise. C’est presque une certitude que les mauritaniens vont devoir serrer la ceinture avec les emprunts au FMI et à la Banque mondiale.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 17 juin 2020)

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