Les foyers de coronavirus en Chine et en Italie sont-ils le signe d’une deuxième vague ?

En quelques jours, Pékin et Rome ont annoncé une recrudescence de nouveaux cas de coronavirus. L’apparition de ces «clusters» ne signifie pas encore une seconde vague, contrairement à certains pays qui font actuellement face à des rebonds importants de la maladie.

La maladie semblait presque éradiquée en Chine, selon les chiffres officiels. Mais la résurgence du nombre de contaminations depuis vendredi dernier a placé Pékin – qui compte désormais une centaine de nouveaux cas positifs au Covid-19 – en état d’alerte, poussant les autorités à décréter le confinement de plusieurs zones résidentielles, et à fermer à nouveau les sites sportifs et culturels. En Italie, ce sont également deux nouveaux foyers qui ont été détectés ces derniers jours à Rome, avec 109 cas au sein d’un hôpital et neuf personnes infectées dans un immeuble servant de logement à des squatteurs.

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Ces nouvelles, abondamment relayées, annonceraient-elles l’arrivée d’une nouvelle vague de l’épidémie dans ces pays? «Il n’est pas inattendu d’observer des clusters (des amas de cas, ndlr) durant cette période et ils devraient même continuer à se multiplier cet été sans nécessairement signer le retour imminent d’une seconde vague», analyse Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale à l’Université de Genève. «La vigilance épidémiologique accrue mise en place consécutivement au déconfinement, ainsi que l’augmentation des tests de dépistage pratiqués, contribuent à générer un effet de loupe sur le moindre foyer qui apparaît.»

Fermeture d’un quartier résidentiel vers le marché de Yuquandong, Pékin, 16 juin 2020. EPA/ROMAN PILIPEY

Objectif préventif

Cet effet de loupe, anxiogène à certains égards, a aussi un objectif préventif, selon Antoine Flahaut: «Cela permet de casser très tôt les chaînes de transmission avant même que ces clusters n’entraînent de plus gros foyers voire une véritable reprise épidémique. Il est clair que la situation actuelle est hautement instable, et la menace d’un risque de résurgence de l’épidémie est très présente, mais tant qu’ils restent isolés, épars et dans des dimensions suffisamment modestes pour espérer être étouffés rapidement, ces foyers ne sont pas encore le signe d’un éventuel rebond de la pandémie entre la Chine et l’Europe, où la décrue est très prononcée depuis plusieurs semaines.»

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Concrètement, tant que le nombre de personnes immunisées – soit parce qu’elles ont déjà été infectées par le virus SARS-CoV-2, ou parce qu’elles auraient reçu un vaccin efficace (ce qui ne devrait pas arriver avant plusieurs mois) – n’aura pas atteint un seuil critique de 50 à 75% de la population, une reprise de l’épidémie est tout à fait possible. «Elle surviendra s’il existe une augmentation du nombre de transmissions de la maladie lors de contacts avec des personnes infectieuses», explique Julien Riou, épidémiologiste à l’Université de Berne. «Au contraire, il n’y aura pas de nouvelle flambée de cas si ces transmissions restent rares grâce aux gestes barrières, à la distanciation sociale, à la limitation de certains rassemblements et surtout au traçage des contacts. En l’absence de vaccin, il faut rester prudent.»

Paramètres à observer

 

Une deuxième vague n’est donc pas à voir comme un phénomène qui serait caractéristique du virus, mais comme une conséquence de la diminution de l’efficacité des mesures de contrôle.

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Et si un réel phénomène de rebonds devait survenir, comment se manifesterait-il? «Une deuxième vague se verrait sur la courbe épidémique comme un accroissement substantiel du nombre de nouveaux cas, une remontée durable du taux de reproduction effectif au dessus de 1 [le taux de reproduction effectif estime le nombre de personnes qu’un malade infecte tout en prenant en compte le nombre d’individus ayant déjà été touchés par la maladie, ndlr], ainsi qu’un taux de croissance épidémique élevé», décrit Antoine Flahaut.

Cas de deuxième vague

 

Ces différents paramètres sont quotidiennement observés notamment par l’Institut de santé globale de l’Université de Genève et le Swiss Data Science Center des Ecoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne, qui réalisent également des prédictions à huit jours.

Sur cette base, il apparaît que des pays comme Israël, l’Arabie Saoudite, l’Iran et Djibouti expérimentent actuellement ce qui s’apparente à une deuxième vague épidémique, se traduisant non seulement par une augmentation des cas mais aussi par un taux de reproduction effectif plus élevé. Une situation que les spécialistes expliquent par un relâchement probablement trop important des gestes barrière suite à l’assouplissement des mesures de confinement.

 

Sylvie Logean
Source : Le Temps (Suisse)

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