Le problème de la gestion du foncier rural revient au devant de la scène avec la volonté du chef de l’Etat d’octroyer à nouveau les compétences d’attribution des terres aux gouverneurs. Le Réseau des Organisations de Sécurité Alimentaire (ROSA), composé de 16 associations, avertit le président.
Le foncier en milieu rural se caractérise bien souvent, en Mauritanie, par des abus dans la procédure d’attribution des terres de culture dans la vallée du fleuve Sénégal.
Cette problématique représente une véritable bombe à retardement dans le pays, avec la multiplication des conflits entre communautés et des spéculateurs qui bénéficieraient du soutien de l’administration.
A l’origine de cette situation, une ordonnance, portant le numéro 83.127 et datant de mai 1983, qui réorganise le statut foncier et domanial. Dûment pourvue de ses décrets d’application, elle octroie de larges compétences d’attribution aux gouverneurs.
Bien que l’application de cette ordonnance ait été suspendue en 2015, suite au constat de graves abus commis pendant plusieurs décennies, les gouverneurs, récemment reçus par le président Mohamed Cheikh El Ghazouani, au pouvoir depuis le 1er août 2019, ont exprimé leurs doléances portant sur le rétablissement de ces compétences suspendues depuis cinq ans, sous le premier mandat de Mohamed ould Abdel Aziz. Ils auraient obtenu une promesse de la part du nouveau chef de l’Etat en ce qui concerne ce point précis.
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Toutefois, cette option est ardemment combattue par le Réseau des Organisations de Sécurité Alimentaire (ROSA), composé de 16 associations.
Ce collectif rappelle au président mauritanien «la gestion catastrophique du patrimoine foncier dans le pays durant les 40 dernières années et lui demande avec insistance, de ne pas accéder à cette sollicitation».
Le ROSA déplore l’attitude des responsables de l’administration territoriale «qui ont profité de leur statut pour créer de nombreux conflits à la fois au niveau urbain et rural, ce qui a motivé le retrait de cette prérogative en 2015».
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Farouchement opposé à une telle perspective, ce réseau d’ONG réitère «sa demande d’un moratoire de 5 ans dans l’attribution des terres à tous les investisseurs nationaux et internationaux, pour permettre aux différents acteurs (états, propriétaires terriens, organisation agro-pastorales, société civile, secteur privé national) de trouver la meilleure formule qui garantisse un équilibre entre l’impératif de développement agricole et le respect du droit inaliénable à la propriété. Ce qui permettrait de réaliser un diagnostic sur la gestion du foncier rural et urbain à travers tout le pays de 1983 à 2020, afin de capitaliser les forces et faiblesses du système».
L’ordonnance datant de 1983 avait surtout servi à des attributions abusives à des spéculateurs désireux de revendre les terres de la vallée à des investisseurs issus de certains pays du Golfe, au détriment des membres des différebtes communautés de la Mauritanie, propriétaires traditionnels de ces terres.
Cheikh Sidya
Correspondant à Nouakchott
Source : Le 360.ma (Maroc)
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