Malgré la pandémie de Covid-19, le président Macky Sall a autorisé la réouverture des lieux de culte dans un discours prononcé lundi 11 mai. Les communautés religieuses, elles, jouent la prudence et ne semblent pas prêtes à favoriser les prières collectives. Les détails.
Alors que le président Macky Sall disait répondre à la demande des Sénégalais exigeant la réouverture des lieux de cultes, il vient d’être désavoué par les différentes communautés religieuses du pays.
L’Eglise catholique a été la première à réagir à la lecture du discours présidentiel, en diffusant un communiqué disant qu’elle écouterait sa hiérarchie avant d’officialiser « la reprise des célébrations collectives ».
« Les évêques ne voudraient pas participer à la propension du virus et avoir cela sur la conscience », explique l’abbé Augustin Thiaw, secrétaire de la Conférence épiscopale sénégalaise. Il précise, en outre, que « dans l’Eglise, on a décidé de suspendre nos événements religieux et messes dès le 13 mars, avant même que le président de la République ne prenne un décret en ce sens, sachant que les rassemblements permettent à la maladie de se transmettre de personne à personne ».
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Et d’ajouter: « aujourd’hui, les chiffres de la pandémie ne nous rassurent pas. Si la prière collective n’est pas bien encadrée, elle peut-être un élément central de la transmission du virus ».
Dans la communauté musulmane, plusieurs chefs religieux ont décidé de ne pas ouvrir leurs mosquées. C’est le cas de la famille Omarienne, qui possède l’une des plus grandes mosquées de la capitale et a demandé aux fidèles de continuer à prier chez eux.
Même réaction du côté de la mosquée Mohamed V de Dakar. Dans un communiqué diffusé jeudi 14 mai, l’imam Râtib, El Hadji Alioune Moussa Samb, « informe tous les Musulmans qu’il a pris bonne note des mesures d’allégement prises par le chef de l’État dans le cadre de la riposte contre la Covid-19. Mais qu’en raison de l’évolution de la pandémie et du nombre de cas qui augmente de jour en jour, il rappelle aux fidèles que la mesure de suspension temporaire des prières à la Grande Mosquée de Dakar reste maintenue ».
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« Il est de notre responsabilité de veiller à la sécurité sanitaire des fidèles. Il s’avère que nous n’avons pas les moyens de faire respecter les gestes barrières pour éviter une éventuelle contamination dans la Grande Mosquée de Dakar », conclut-il.
Dans la communauté tidjane de Tiavoune, la plus importante confrérie soufie du pays, le khalife invite lui aussi les croyants à ne pas se précipiter vers les mosquées. Serigne Babacar Sy Mansour a décidé que toutes les mosquées et daaras sous son autorité resteront fermés, malgré les réaménagements apportés par le chef de l’État. Selon le site d’information Tidiane Asfiyahi, il n’a pas jugé nécessaire de les rouvrir à cause de l’ampleur actuelle de la pandémie de Covid-19.
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A Touba, le khalife des Mourides, Serigne Mountakha Bachir Mbacké, avait imposé des règles strictes pour que les fidèles fréquentent les lieux de culte. Ainsi, dans la grande mosquée, la plus imposante d’Afrique de l’Ouest, seuls les membres du personnel de l’édifice sont autorisés à venir prier, tout en respectant les consignes sanitaires: lavage des mains à l’entrée, port du masque et distanciation sociale au moment des offices religieux.
Pour l’heure, il n’y a eu aucun « ndigueul » (ces fameux décrets du khalife) donnant un contre-ordre à ces directions.
Moustapha Cissé
Correspondant à Dakar
Source : Le 360.ma (Maroc)
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