Pandémie covid-19 Afrique : la demande d’annulation de la dette africaine fait polémique

Le président sénégalais Macky Sall a demandé récemment l’annulation de la dette africaine pour faire face aux implications sanitaires économiques et sociales du covid-19. Une proposition accueillie favorablement par la France mais le G20 acte pour une suspension d’une année du remboursement. Pour les observateurs ce moratoire est considérée comme inefficace face à la situation financière inquiétante des Etats africains.

A l’heure du covid-19 la demande d’annulation de la dette africaine suscite des polémiques au sein des experts africains et des organisations africaines de la société civile en colère contre l’irresponsabilité de certains chefs d’Etat qui n’ont pas tiré des leçons des précédents moratoires. L’allègement de la dette entre 2000 et 2010 a permis de diminuer la dette de 80 pour cent du PIB à 30 pour cent.

Mais depuis la dette a repris une courbe exponentielle pour atteindre 56 pour cent et certains pays comme la Mauritanie plus 80 pour cent. La raison invoquée par les observateurs le financement d’infrastructures de prestige qui coûtent chères non indispensables dans l’immédiat alors que les secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation et l’agriculture sont mis en quarantaine.

La seconde raison réside dans la gabegie et la corruption de la majeure partie des régimes africains.

La Mauritanie faisant figure d’exemple avec l’ancien régime de Ould Aziz sur le banc des accusés actuellement de la commission d’enquête parlementaire. Sur un autre plan le cas du Sénégal est édifiant dans le domaine de la gouvernance avec la réalisation d’un TER qui aura coûté aux contribuables sénégalais près de 800 milliards de FCFA et une arène nationale à 38 milliards de FCFA. Un paradoxe qui rend inaudible une demande d’annulation de la dette africaine pour faire face aux implications sanitaires économiques et sociales obligeant les Etats africains à débloquer des milliards comme par exemple le Sénégal qui a lancé un programme de résilience économique et social de 1000 milliards de FCFA.

La Mauritanie de 2 milliards et demi nouvelle monnaie. Un lourd sacrifice pour l’Afrique dont la dette colossale estimée à 365 milliards de dollars dépasse de loin ses capacités de remboursement. En acceptant le moratoire d’une année le G20 ne fait que reporter les échéances. Déjà les prévisions pointent des millions d’emplois qui seront perdus sur le continent pour les trois premiers mois de la crise.

L’autre paradoxe les gendarmes financiers de l’Afrique, la Banque mondiale et le FMI, les partenaires occidentaux comme l’Union européenne et la France en particulier continuent d’injecter des millions de dollars et d’euros dans le cadre de la pandémie augmentant ainsi la dette. Un cercle vicieux qui ne finit pas si l’Afrique se positionne toujours comme mendiant sans aucune ambition de souveraineté notamment dans les secteurs stratégiques pour son émergence à commencer par la monnaie pour la zone Franc.

Le covid-19 aura montré dès maintenant la nécessité d’un retour à l’Etat providence pour une organisation d’une économie sociale et solidaire en faveur des populations fragiles. C’est une occasion pour l’Afrique de parachever son unité et le processus de zone de libre-échange pour un grand marché africain.

A défaut d’une nouvelle gouvernance l’Afrique est exposée à de terribles explosions sociales et pour beaucoup d’Etats à des dérives autoritaires.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

(Reçu à Kassataya le 23 avril  2020)

 

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