Les auditions de la commission d’enquête parlementaire sont passées cette semaine à une vitesse supérieure au point d’éclipser l’actualité du covid-19 avec le passage d’une grosse pointure proche de l’ancien président Ould Aziz l’ancien premier ministre Mohamed Ould Laghdaf et le dissident ancien sénateur Ould Ghadda. Ould Aziz absent de Nouakchott devrait être entendu certainement avant le Ramadan qui débute la semaine prochaine.
La commission d’enquête parlementaire est entrée dans l’une de ses phases les plus importantes de ses investigations. Après avoir entendu des anciens premiers ministres et anciens ministres sous le régime de Ould Aziz et des ministres en activité c’est au tour de son ancien premier ministre le premier à l’accompagner durant son premier quinquennat jusqu’en juin 2014.
Une mandature où le président élu s’est autoproclamé président des pauvres en s’attaquant au riches commerçants avant de faire de la présidence un passage obligé des forces du clientélisme. Et en quelques années la lutte contre la gabegie et la corruption est devenue une toile d’araignée de forces occultes. Du président des pauvres Ould Aziz est passé au président riche des riches mêlés à plusieurs scandales financiers et fonciers confirmés par le témoignage de Mohamed Ould Laghdaf qui n’a été informé que tardivement de la vente des blocs rouges. Des immeubles construits au début de l’indépendance pour les ministres et les hauts fonctionnaires. De même le contrat de la société chinoise Poly Hondong pour 25 ans est passé sous son nez.
Deux dossiers révélateurs des forces extraconstitutionnelles qui prévalaient au sommet de l’Etat. L’ancien chef de file des frondeurs sénateurs Ould Ghadda abonde dans ce sens en pointant du doigt la corruption de certains ministres et hauts responsables en activité. Les observateurs font allusion en particulier au patron actuel de la SNIM ancien argentier du régime et qui a permis les passages en force des détournements de plusieurs millions d’ouguiya pour des projets fictifs.
Les mauritaniens attendent surtout l’audition du principal accusé Ould Aziz. Absent de Nouakchott son passage est programmé la semaine prochaine avant le Ramadan. L’ancien président a plusieurs cartes en main.
Rien ne l’empêche juridiquement de ne pas répondre à la convocation parce qu’il n’est pas responsable de ses actes durant l’exercice de ses fonctions sauf pour les faits de haute trahison. Et même s’il acceptait la commission n’a pas compétence pour le poursuivre. Seule une cour spéciale est habilitée à le faire.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 19 avril 2020)
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