L’ex-président de l’Olympique de Marseille et chroniqueur au « Monde Afrique », atteint du coronavirus, était hospitalisé à Dakar sous assistance respiratoire depuis le 28 mars.
Il est 20 heures ce 31 mars au Sénégal. Le couvre-feu destiné à endiguer la pandémie du Covid-19 débute. Les Sénégalais, confinés chez eux, attendent devant leur téléviseur les dernières informations liées à l’épidémie. Et elles ne sont pas bonnes : la chaîne nationale RTS 1 ouvre son journal avec le premier décès dû au Covid-19 enregistré dans le pays. Il s’agit de Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille. La nouvelle est accueillie avec stupeur. Car si Pape Diouf était sous assistance respiratoire depuis le 28 mars à l’hôpital Fann de Dakar, sa contamination n’a été connue que l’après-midi du 31, lorsque son transfert à Nice a été évoqué dans les médias.
Jusqu’en fin de soirée, les éditions spéciales se succèdent. Sur la chaîne privée TFM, le standard téléphonique est pris d’assaut par les acteurs du football, bouleversés par cette disparition soudaine. Sur Iradio, Mamadou Koumé, l’un de ses proches amis, ne peut retenir ses larmes. Les témoignages sont unanimes : tous parlent d’un homme généreux et d’une grande perte pour le pays.
« Un grand dirigeant engagé »
Sa notoriété s’est certes construite sur son rôle dans le football français, mais beaucoup ont aussi rappelé son apport pour le Sénégal. « Je rends hommage à cette grande figure du sport, ce grand dirigeant engagé et éminence grise du football », a twitté le président de la République, Macky Sall. « Dans l’ombre, il a beaucoup aidé les dernières générations qui ont mis notre football sur les rails. On a obtenu des résultats parce qu’il a fait profiter l’équipe de ses conseils et a aussi beaucoup accompagné le coach actuel, Aliou Cissé », atteste le président de la Fédération sénégalaise de football, Augustin Senghor.
« Sa contribution au football local ne date pas d’hier, puisque à la fin des années 1980 il a fait venir le sélectionneur Claude Leroy puis Bruno Metsu début 2000, renchérit Saer Seck, président de la Ligue sénégalaise de football professionnel. Plusieurs joueurs dont il était l’agent ont aussi porté le maillot du pays grâce à son soutien ».
Sur Twitter, les messages des joueurs sénégalais se sont multipliés toute la soirée. Pour Mamadou Niang, aujourd’hui directeur sportif à l’Athlético de Marseille, il était « un modèle ». Habib Bèye, consultant sportif, déclare perdre un « père », tandis que l’international M’Baye Niang salue un « grand homme ».
« Très disponible, courtois et humble »
Magib Sène, un ami de longue date de Pape Diouf, le qualifie pourtant d’incompris, estimant qu’il n’a pas eu la place qu’il méritait. « Dans sa vision du football sénégalais, Il était en avance sur son temps et aurait dû avoir davantage de responsabilités. Peut-être était-ce à cause de sa forte personnalité », confie-t-il. L’ancien dirigeant de l’OM était en effet connu pour son franc-parler. Derrière le grand acteur du ballon rond, beaucoup ont aussi salué les qualités de l’homme. Le journaliste Tidiane Kassé, qui avait collaboré au journal Le Sportif lancé par Pape Diouf en 1991, se souvient d’un patron « très disponible, courtois et humble ».
Si Pape Diouf a contribué au rayonnement du football sénégalais et a été un ambassadeur de l’Afrique, c’est avant tout ses casquettes d’agent de joueurs et de président de l’Olympique de Marseille qui ont fait son aura à l’international. Au-delà du Sénégal, le football français dans son ensemble lui a rendu hommage. Kylian M’Bappé, qui évolue au Paris-Saint-Germain (PSG), a mis de côté la légendaire rivalité entre son club et l’OM pour exprimer sa peine sur son compte Twitter.
Franck Ribéry, Florian Thauvin, Benjamin Mendy et d’autres lui ont emboîté le pas. Idem du côté des clubs. L’Olympique lyonnais, le Stade brestois, l’AS de Saint-Etienne, notamment, ont adressé un message de soutien à sa famille. Enfin, l’ambassade de France au Sénégal a déploré « la disparition d’une personnalité franco-sénégalaise qui a marqué le football français et au-delà le monde du sport ».
Salma Niasse
(Dakar, correspondance)
Source : Le Monde
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com