Sur la chloroquine, le Haut Conseil de santé publique et l’OMS appellent à la prudence

Ce traitement, notamment vanté par le docteur Didier Raoult à Marseille, n'a fait l'objet d'aucune étude scientifique aboutie prouvant son efficacité.

CORONAVIRUS – Un remède à manipuler avec précaution pour certains, et même un potentiel “faux espoir” pour d’autres. Le Haut conseil de santé publique recommande de ne pas utiliser la chloroquine, dont les effets sont notamment vantés par le docteur Didier Raoult à Marseille, dans le traitement contre le coronavirus, sauf pour des formes graves et sous surveillance médicale stricte. Le ministre de la Santé Olivier Véran en a fait l’annonce ce lundi 23 mars au soir. Quelques heures plus tôt, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettait également en garde contre ce médicament.

“Le Haut conseil recommande de ne pas utiliser ce traitement en l’absence de recommandation, à l’exception de formes graves, hospitalières sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte”, a insisté Olivier Véran ce lundi, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

Le conseil exclut par ailleurs “toute prescription dans la population générale ou pour des formes non sévères à ce stade, en l’absence de toute donnée probante”, a-t-il souligné lors d’un point presse sur l’évolution du coronavirus en France.

Un arrêté encadrant précisément le recours à ce traitement, qui fait polémique sera pris “dans les prochaines heures”, a précisé le ministre.

Un arrêté encadrant précisément le recours à ce traitement, qui fait polémique sera pris “dans les prochaines heures”, a précisé le ministre.

Les scientifiques méfiants

La chloroquine est un antipaludique bon marché et utilisé depuis plusieurs décennies contre le paludisme. Il existe un dérivé, l’hydroxychloroquine, mieux toléré, connu en France sous le nom de Plaquénil, pour les maladies articulaires d’origine inflammatoire, telles que la polyarthrite rhumatoïde.

Mi-février, des chercheurs chinois ont affirmé avoir eu des résultats positifs avec des essais cliniques portant sur une centaine de malades du Covid-19 dans une dizaine d’hôpitaux.

Malgré le nombre réduit de patients et le manque de détails sur la méthodologie et les résultats des essais chinois, Didier Raoult, directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée infection et spécialiste reconnu des maladies infectieuses, a relayé en France ces résultats. Le Pr Raoult est aussi membre du comité scientifique placé auprès du gouvernement. Atypique et anticonformiste, il défend bec et ongles la chloroquine comme traitement, dans la presse et dans des vidéos très partagées sur internet.

Lire aussi: Pourquoi il faut être prudent avec la chloroquine

Il s’est attiré de nombreuses critiques d’autres scientifiques, qui appellent à prendre cette piste avec prudence, faute d’études cliniques faites selon les protocoles méthodologiques stricts et publiée dans une revue scientifique prestigieuse à comité de lecture indépendant.

L’OMS appelle à la prudence

En France, plusieurs élus font monter la pression pour généraliser rapidement l’utilisation de la chloroquine. De très nombreuses personnes se sont même pressées lundi à Marseille pour se faire tester par les équipes du professeur Didier Raoult.

Mais des voix appellent à la prudence, insistant sur la nécessité d’attendre de vastes essais cliniques menés selon la stricte orthodoxie scientifique pour valider ou non le traitement.

Lundi, l’OMS a condamné l’administration de médicaments aux patients infectés par le nouveau coronavirus avant que la communauté scientifique se soit accordée sur leur efficacité, mettant en garde contre les “faux espoirs” qu’ils pourraient susciter.

“Des études réduites et non randomisées, réalisées à partir d’observations, ne nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin”, a averti le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Il n’existe actuellement aucun vaccin ou traitement agréé contre le virus, qui a tué à ce jour plus de 15.000 personnes et en a contaminé plus de 324.000 dans le monde, selon un décompte de l’AFP qui ne recense que les cas officiellement déclarés.

 

Le HuffPost avec AFP

 

Source : Le HuffPost (France) – Le 23 mars 2020

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