La tragédie de Rokia Traoré et de son ex-compagnon

La séparation du couple s'est transformée en une bataille médiatique, ce que voulait éviter l’ex-compagnon de la chanteuse franco-malienne, Jan Goosens, selon ses avocats qui rappellent leur version des faits.

Tribune. Aucun parent ne souhaite vivre ce que Rokia Traoré et Jan Goossens, notre client, éprouvent en ce moment. Leur rupture de couple s’est transformée en une séparation conflictuelle, et a dégénéré finalement en une tragédie pure et simple. Une mère en prison, une situation que personne n’a jamais voulue. Un père qui n’a pu voir sa fille depuis plus d’un an. Et, qui plus est, une petite fille de 5 ans, à Bamako, sans parents.

 

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Les derniers jours, après l’arrestation de Rokia Traoré, cette séparation a pris l’ampleur d’une bataille médiatique. Voilà ce que notre client voulait éviter à tout prix, justement pour leur fille. Encore aujourd’hui, il s’abstiendra de tout commentaire. Mais puisque tant de mensonges circulent, et que de nombreuses personnes se font un jugement sans connaître le fond du dossier, il nous semble important de rappeler quelques faits. Comment en est-on arrivé là ?

Rokia Traoré et Jan Goossens étaient en couple entre 2013 et 2018. Leur fille est née en mars 2015 à Bruxelles, et y a toujours été domiciliée. Elle possède les nationalités belge et malienne. Jusqu’à ses 4 ans, elle a grandi en contact étroit avec ses deux familles et cultures respectives; elle a passé beaucoup de temps en Belgique, avec ses grands-parents, son oncle et sa tante, sa cousine d’un an de moins qu’elle.

Demandes pas exorbitantes

 

Quand la relation avec Mme Traoré s’est rompue durant l’été 2018, notre client a tout essayé, en bonne entente, pour tenter d’arriver à un arrangement parental conjoint. Ses demandes n’étaient pas exorbitantes : il a proposé de passer les vacances scolaires avec sa fille. Il s’est avéré qu’il était impossible d’arriver à un accord. Mme Traoré a en outre empêché Jan Goossens de mener une vie familiale avec sa fille en Belgique.

Finalement des accusations ont vu le jour. Le ton est monté. Quand Mme Traoré l’a accusé d’attouchements sexuels sur sa fille et l’a privé de tout contact avec elle en dehors du Mali, notre client a pris la décision de faire appel à la justice belge. A ce moment-là, il a lui-même rapporté à la justice les accusations dont il faisait l’objet. Sur la base d’une législation internationale, la justice belge s’est déclarée compétente en la matière. Dans un premier jugement provisoire, la juge a décidé que Jan Goossens devrait voir sa fille entre le 19 juillet et le 19 août 2019. Mme Traoré a nié ce jugement.

Après cela, la juge n’a pas décidé d’accorder la garde exclusive de la fille à M. Goossens, comme cela a été prétendu ces derniers jours. La garde de l’enfant est restée partagée entre les deux parents. La juge a toutefois décidé que sa fille devait rester principalement chez son père, encore un jugement que Mme Traoré a nié. Ces jugements sont issus de procédures contradictoires, où Mme Traoré et/ou ses avocats étaient représentés.

Plusieurs mois après ses premières accusations infondées et après le premier jugement de la juge, Mme Traoré a déposé une plainte pénale en Belgique envers notre client pour attouchements sexuels. Après enquête, au cours de laquelle Mme Traoré a eu toutes les chances d’exposer sa version des faits, l’accusation que notre client avait niée fermement dès le départ a été classée sans suite. Cela n’a pas empêché Mme Traoré, encore quelques mois plus tard, de passer par les justices malienne et française, et encore une fois avec les mêmes accusations.

L’année dernière, fin novembre, après avoir nié tous les jugements, Mme Traoré a été arrêtée une première fois à Paris. La justice française lui a accordé une durée de deux mois pour résoudre tous les problèmes en Belgique. Le 22 janvier 2020, le juge d’instruction belge lui a accordé un mois supplémentaire à condition qu’elle se présente en Belgique avec sa fille. Cette condition, acceptée par Mme Traoré, a de nouveau été violée. C’est exactement pour cette raison-là que Mme Traoré s’est retrouvée en prison la semaine dernière. Un résultat consternant, également pour notre client, mais dont il ne peut être tenu responsable. Il ne peut rien y changer d’ailleurs.

Une catastrophe pour toutes les personnes concernées

 

Ces derniers jours, l’avocat de Mme Traoré a affirmé qu’au Mali une condamnation inverse a été prononcée. Ce n’est pas la vérité. Il s’agit d’une ordonnance temporaire et toute récente qui ne se prononce pas sur le fond de la question et qui accorde à Mme Traoré la garde exclusive de l’enfant. Lors de cette décision, tous les droits de la défense ont été bafoués. Notre client n’a jamais reçu de convocation, son avocate malienne n’a pas été mise au courant. Dès lors notre, client n’a pu ni se présenter ni faire appel. La procédure au Mali n’a été entamée qu’après les jugements des tribunaux belges et après l’émission du mandat d’arrêt.

Vu les informations ci-dessus, il est pour notre client extrêmement douloureux de se voir confronté à une campagne médiatique où son intégrité est diffamée sur base d’informations fausses. Or, il s’agit d’une affaire privée : une séparation extrêmement douloureuse qui s’est transformée en catastrophe pour toutes les personnes concernées. Pour Rokia Traoré. Pour notre client qui, depuis des mois, ne peut ni voir ni même entendre la voix de sa fille au téléphone. Pour leur fille elle-même bien sûr.

Notre client souhaite exprimer son désir le plus profond que la justice fasse son travail en toute sérénité, avec urgence et compétence, de sorte que sa fille puisse rejoindre ses deux parents dans les meilleurs délais, et ce dans le cadre d’une solution équilibrée, équitable et juste.

Valérie Schippers avocate en droit familial Bruxelles, Sven Mary avocat en droit pénal, Frank Berton en droit pénal, Lille
Source : Libération (France)

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