Sur quelles surfaces le coronavirus persiste-t-il le plus longtemps ?

Des scientifiques ont montré que le virus responsable de l’épidémie de Covid-19 avait un niveau de viabilité à l’air libre comparable à celui du coronavirus provoquant le SRAS -près de trois heures. L’étude s’est toutefois attirée des critiques.

Alors que l’épidémie de Covid-19 frappe toute l’Europe, le coronavirus SARS-CoV-2 joue à cache-cache avec nos doigts. Sur quelles surfaces persiste-t-il le plus longtemps? C’est l’objet d’une étude parue dans le New England Journal of Medicine et menée par une équipe du Laboratoire national américain de virologie des National Institutes of Health à Hamilton, dans le Montana.

Plusieurs mois après le début de l’épidémie, les mécanismes exacts de transmission du SARS-CoV-2 demeurent méconnus. Ce dont sont certains les scientifiques, c’est que le pathogène se transmet de personne à personne par le biais de gouttelettes ou d’aérosols (des gouttelettes de moins de 5 micromètres de diamètre) éjectées par la toux, les éternuements ou les postillons. Ces bulles chargées de virus peuvent alors être inhalées par des personnes saines se trouvant à proximité, d’où l’impérieuse nécessité de tenir ses distances.

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Seul, le virus fait long feu. Mais une fois abrité dans ces gouttelettes, il résiste beaucoup plus longtemps. Combien de temps, au juste? C’est ce qu’ont cherché à savoir Neeltje van Doremalen et son équipe. Ils ont pour cela préparé une solution virale qu’ils ont pulvérisée à l’aide d’un spray sur différents matériaux, ainsi que dans une chambre conçue pour l’étude des aérosols, un nébulisateur. Puis ils ont attendu des minutes, des heures, voire des jours, et ont frotté les supports avec un coton-tige afin de recueillir un peu de virus et de s’en servir pour tenter d’infecter des cellules en culture. La durée de vie du SARS-CoV-2 sur les supports testés a ainsi été déterminée lorsque les cellules n’étaient plus infectées par le coton-tige.

Vingt-quatre heures sur du carton

Résultat, le SARS-CoV-2 s’accommode très bien des surfaces en plastique et de l’acier inoxydable: l’agent pathogène a survécu jusqu’à trois jours sur celles-ci. Fait inquiétant, ces deux types de matériaux sont omniprésents, en particulier dans le milieu hospitalier, signalent les auteurs en rappelant qu’au 11 février, plus de 3000 infections par le coronavirus avaient eu lieu à l’hôpital, d’après une étude parue ce même mois dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Le point scientifique sur le coronavirus

 

Sur du cuivre, que l’on retrouve notamment dans les pièces de monnaie suisses, le virus survit moins longtemps, à peine quatre heures. Sur du carton comme celui utilisé pour les paquets et colis, le coronavirus a tenu vingt-quatre heures. Et à l’état de gouttelettes dans l’air ambiant? Plus de trois heures, ont mesuré les virologues. Ces résultats sont donc plus prudents que ceux publiés par une autre équipe ce mois-ci dans le Journal of Hospital Infection et qui faisait état d’une persistance s’étalant jusqu’à neuf heures sur du verre, métal ou plastique.

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Les chercheurs du laboratoire de Hamilton ont en outre comparé la stabilité du SARS-CoV-2 avec celle du coronavirus du SRAS (responsable de l’épidémie de 2002-2003), génétiquement similaire à 80%. Les deux agents pathogènes survivent à peu près aussi longtemps sur les différentes surfaces, carton mis à part, où le coronavirus du Covid-19 résiste mieux, ce que les auteurs attribuent à des artéfacts de mesure. Le coronavirus du SRAS se transmet pourtant moins facilement que ne le fait aujourd’hui son cousin.

Présence ne signifie pas contagion

 

Ceci signifie que la seule stabilité du virus n’explique pas tout et que d’autres facteurs s’invitent certainement dans l’équation. Neeltje van Doremalen évoque la possibilité de présence «d’importantes charges virales dans les voies aériennes» ou encore l’éventualité chez certaines personnes d’une transmission asymptomatique, pour expliquer le pouvoir infectieux du SARS-CoV-2.

Les infections par le biais des fomites, nom donné aux objets vecteurs de transmission virale, sont considérées comme secondaires par les autorités sanitaires. «[Le coronavirus] peut rester sur les surfaces inertes pendant un temps variable. Cela va se quelques heures à quelques jours. Nous considérons que ce n’est pas un mode d’infection prédominant. Toutefois, une surface souillée doit être désinfectée soit avec du savon soit avec une solution hydroalcoolique» rappelait ainsi mardi dans un chat avec nos lecteurs Thierry Calandra, chef du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire vaudois. Même si ce sont bien les postillons directement inhalés qui sont plus inquiétants, le fait que le SRAS-CoV-2 survive aussi longtemps à l’air libre doit inciter à la prudence et aux gestes d’hygiène élémentaires.

Fabien Goubet

 

Source : Le Temps (Suisse)

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