Face aux pressions américaines, la Cour pénale internationale avait renoncé, dans un premier temps, à poursuivre les belligérants du conflit afghan. Ce 5 mars, elle a finalement décidé en appel de poursuivre l’armée américaine, les talibans et les autorités afghanes.
Coup de tonnerre en Afghanistan. Cinq jours après la signature d’un accord entre les États-Unis et les talibans sur le retrait définitif des soldats étrangers du pays, la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé jeudi 5 mars l’ouverture d’une enquête “pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre de toutes les parties prenantes” du conflit afghan depuis 2001, indique la chaîne afghane 1TVNews.
En avril 2019, la juridiction de La Haye avait en première instance “rejeté la demande de la procureure Fatou Bensouda”, considérant alors que “les chances de réussite étaient faibles du fait du manque de coopération de Kaboul et de Washington”. L’administration Trump avait en effet menacé la CPI de représailles et avait annulé le visa d’entrée de Mme Bensouda et du personnel de la Cour sur le sol américain.
Le revirement de la CPI est donc vécu comme “un moment historique” par Amnesty International, dont le responsable de la justice internationale a déclaré :
C’est le premier véritable espoir de justice pour les victimes de la guerre qui ont été honteusement ignorées pendant des années, y compris dans le récent accord de paix qui n’a même pas évoqué la question des crimes commis contre elles.”
L’ouverture de cette enquête est très mal accueillie par les belligérants, souligne encore l’ONG, y compris “les grandes puissances qui ont tenté d’intimider la Cour” pour essayer d’échapper à la justice.
Courroux américain
La procureure de la CPI s’intéresse notamment “aux exactions commises entre 2003 et 2014”, parmi lesquelles “les homicides massifs de civils par les talibans”, “les allégations de torture de prisonniers par les autorités afghanes et, dans une moindre mesure, par les forces américaines et la CIA”, souligne 1TVNews.
Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, dénonce une opération “inadmissible de la part d’une institution politique qui se déguise en organe judiciaire et ne rend de comptes à personne”. Créée en 2002, la Cour pénale internationale est une juridiction universelle et permanente à laquelle les États-Unis n’ont jamais voulu adhérer.
Depuis son déclenchement en 2001, la guerre a fait autour de 150 000 morts en Afghanistan, dont environ 2 300 soldats américains.