L’artiste, chantre de la paix, a été retrouvé mort dans sa cellule lundi 17 février. Si la version officielle conclut au suicide, les opposants au régime de Paul Kagame dénoncent un assassinat. La polémique enfle.
Lundi 17 février au petit matin, Kizito Mihigo a été retrouvé mort dans sa cellule du commissariat de Remera, un quartier de Kigali. C’est en tout cas ce que conclut la police, qui a annoncé qu’elle avait ouvert une enquête suite au “suicide” du célèbre chanteur et activiste rwandais. Selon The New Times, l’homme se serait “suicidé à l’aide de ses draps”. “Il montrait des signes de dépression”, selon le journal proche du pouvoir rwandais. Les autorités rwandaises et notamment le Rwanda Investigation Bureau (RIB) déclarent qu’il “montrait une attitude étrange” depuis son arrestation.
Quatre jours avant sa mort, le 13 février, Kizito Mihigo avait été arrêté dans le sud du pays et avait été accusé d’avoir “tenté de traverser illégalement la frontière vers le Burundi pour rejoindre des groupes terroristes”, décrit The New Times. Mais cette version laisse perplexe nombre d’observateurs.
Suicide ou assassinat ?
“Suicide, y a-t-il vraiment eu ?”, s’interroge Afrik.com. “Nous ne croyons pas au suicide dans sa cellule de détention à Kigali” répond fermement The Rwandan. “Bien sûr, nous n’avons pas besoin d’être violents, mais nous devons crier haut et fort jusqu’à ce que nos petites voix soient entendues par le monde”, poursuit le journal rwandais.
Rescapé du génocide rwandais de 1994, Kizito Mihigo était reconnu pour chanter la paix et la réconciliation. À la tête d’une Fondation pour la paix dans le pays, il a très longtemps été proche des autorités rwandaises avant qu’en 2014, tout bascule à la suite de l’enregistrement d’un titre polémique. Igisobanuro cy’Urupfu [La signification de la mort] – chanson interdite au Rwanda – était accusée de mettre sur un plan similaire le génocide des Tutsis en 1994 et les violences commises contre les Hutus. Le chanteur s’était alors brouillé avec le régime de Paul Kagamé.
En 2014, soupçonné d’être proche des opposants en exil, il est une première fois arrêté. Accusé de tenter de renverser le régime et de “conspiration”, il plaide coupable et est condamné à 10 ans de prison avant d’être gracié en 2018. Pour The Rwandan, ces accusations étaient déjà infondées. Le journal, très critique vis-à-vis du pouvoir de Paul Kagame, rappelle que des soupçons pèsent quant à la disparition de plusieurs figures publiques, militants et journalistes d’opposition.
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