Mauritanie : l’opposition marche sur un pied

Les ressentiments de la CVE sur le racisme d’Etat, la feuille de route de la CVE-VE pour la réconciliation nationale, l’urgence d’un dialogue inclusif réclamée par l’UFP, le RFD et Tawassoul. Autant de griefs de l’opposition qui focalisent l’attention des observateurs cette semaine. Le dénominateur commun la défiance au système qui perdure depuis 1960.

 

Après 6 mois de gouvernance de Ould Ghazouani les observateurs s’interrogent sur la capacité de l’opposition à relever le défi pour une alternance apaisée en Mauritanie en 2024. La réponse n’est pas facile. Les mauritaniens aspirent bien entendu au changement mais l’espoir commence à s’amenuiser avec un président dans la continuité d’un système monocolore qui opprime toujours les négro-mauritaniens et les Haratines alors que ces deux communautés représentent ensemble plus de la moitié de la population.

Un racisme d’Etat que les coalitions négro-africaines sous la houlette de la CVE et de la CVE-VE, l’IRA, l’UFP, le RFD et Tawassoul ont toujours dénoncé. Cette opposition dans sa diversité ne balaie pas pour autant d’un coup les difficultés à parler d’une seule voie les maux dont souffre le pays depuis près de 60 ans.

Un système aggravé par l’autoritarisme des pouvoirs depuis 78. Ould Ghazouani semble prendre un virage dans sa façon de gouverner mais pas dans le fond. Les séquelles de l’esclavage, les discriminations de 11 années de pouvoir de Ould Aziz n’ont pas disparu. Elles sont toujours visibles au niveau du recrutement dans l’armée, les douanes, la haute administration au niveau des nominations dans la police, la gendarmerie, la garde nationale, la sureté de l’Etat voire la présidence et ailleurs dans d’autres secteurs stratégiques du pays.

La restauration de l’Etat de droit qui respecte la citoyenneté et les libertés tarde à venir malgré les bonnes intentions affichées en août 2019. Seul le discours de la méthode a changé en contournant les difficultés du vivre ensemble. C’est le dossier qui fâche et sur lequel les points de sa popularité pourraient baisser d’ici la fin du quinquennat. Cette chape de silence est très inquiétante pour l’avenir du pays.

Depuis l’avènement des militaires au pouvoir l’opposition semble marcher sur un pied. Et toutes ses formes défiances au régime en place n’ont guère dépasser de mobilisations éphémères dans la rue. Des sorties médiatiques dispersées. Des renouvellements d’hommes et de femmes quasi-difficiles au niveau des états-majors. Des leaders en perte de vitesse pour gagner les élections.

Au final une opposition molle et divisée. Face à cette démocrature qui perdure elle est appelée à exister autrement en initiant des actions unitaires pour prendre la mesure du changement qui s’impose.

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya 14 février 2020)

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