Etats-Unis – Les avocats de Donald Trump prêts pour son procès

Le président américain a choisi trois avocats supplémentaires pour le défendre alors que son procès au Sénat démarre mardi. Parmi ces juristes chevronnés et à l’aise devant les caméras, Ken Starr, l’homme à l’origine de l’”impeachement” de Bill Clinton.

Politico parle de “poids lourds”, le New York Post évoque des “vétérans chevronnés” et Slate ironise sur un groupe de “déplorables”. Mais c’est sans doute The Hill qui résume le mieux le sentiment provoqué vendredi 17 janvier par les révélations sur l’équipe juridique assemblée par Donald Trump pour le défendre lors de son procès en destitution au Sénat la semaine prochaine : il a choisi des avocats “d’une grande notoriété mais controversés”.

Le premier d’entre eux est un “fou”, un “cinglé”, un “désastre”. Autant de mots choisis par M. Trump lui-même pour décrire Ken Starr en octobre 1999, rappelle USA Today. Starr venait alors de passer quatre années à enquêter sur Bill Clinton. “La dernière fois qu’un président a fait face à un procès, peu en ont été aussi responsables que Kenneth Winston Starr”note le New York Times.

Le quotidien le décrit comme “l’une des figures juridiques les mieux connues et les plus clivantes du pays”. Si à l’époque de la destitution de Bill Clinton, certains l’avaient vu comme un homme “droit” chassant “un président menteur et infidèle ayant déshonoré le Bureau ovale”, d’autres critiquaient “un Inspecteur Javert moraliste et obsédé par le sexe persécutant un président par pure idéologie”.

Slate se plaît à rappeler qu’il a été renvoyé en 2016 de son poste de président de l’université de Baylor au Texas. Il était à la tête d’une administration restée silencieuse après une série d’agressions sexuelles impliquant des joueurs de football américain de l’établissement.

Ces derniers mois, le juriste de 73 ans a régulièrement défendu son futur client sur la chaîne Fox News. Or, “dire des choses que Trump apprécie sur le câble est un moyen infaillible de retrouver ses bonnes grâces”explique le Washington Post.

Autre membre de l’équipe, Alan Dershowitz. Ancien professeur de droit Harvard, présenté comme brillant, il a été le conseil de nombreuses célébrités dont O.J Simpson lors du procès du siècle et plus récemment d’Harvey Weinstein. Selon CNN, certains assistants du président “ont fait savoir que sa présence pourrait être gênante compte tenu de ses liens avec Jeffrey Epstein”. Il a défendu l’homme d’affaires pédophile et est lui-même accusé par une femme d’agressions sexuelles.

Si Robert Ray est “bien moins connu”, signale Slate, il est celui qui a succédé à Starr lors de la destitution de Bill Clinton et conclu un accord avec lui après son acquittement. Il a aussi été arrêté en 2006, soupçonné d’avoir harcelé une ancienne compagne. Quant à Pam Bondi, ancienne ministre de la justice de Floride, une donation de 25 000 dollars de la fondation Trump pour sa campagne de réélection en 2013 a semé le doute sur sa volonté de poursuivre une enquête concernant la Trump University, peut-on lire sur le site The Hill.

Parler au public de Fox News

 

CNBC constate que Rudy Giuliani, avocat personnel du milliardaire, ne fait pas partie de l’équipe. Il n’est pas exclu que l’ancien maire de New York soit appelé à témoigner lors du procès. Le profil polémique de ses conseils ne dérange visiblement pas le président. Explication de The Hill : Donald Trump veut des “chiens d’attaque qu’il connaît et qu’il juge suffisamment loyaux”.

Pour CNN, l’ajout de Star, Dershowitz et Ray à l’équipe déjà en place “n’apporte pas seulement des décennies d’expérience à sa défense mais également un star power juridique pour un président toujours soucieux d’avoir des avocats à même de bien présenter son cas dans les médias”.

Leur aisance devant une caméra compte parce qu’estime Politico, le président américain aura deux publics à convaincre lors de son procès. Le Sénat d’abord, quasiment acquis d’avance avec une majorité républicaine, mais plus important, le peuple américain, perçu comme le vrai jury. “Et il voit cette défense lors d’un procès diffusé à la télévision comme une partie critique de sa campagne” de réélection.

Les trois hommes et Bondi seraient d’ailleurs apparus plus de 350 fois sur Fox News l’an dernier d’après le site Media Matters for America. Sûrement pas un hasard affirme une tribune publiée sur le Washington Post. C’est la chaîne que regardent ses plus fidèles partisans. Les membres de son équipe “parlent parfaitement la langue de ce que nous avons appelé Foxlandia et savent comment communiquer avec sa base. Et ce sera sans doute suffisant”.

La même tribune suggère toutefois que ses choix pourraient se retourner contre lui. En décembre, Robert Ray avait par exemple déclaré au Daily Signal que “le Sénat avait le pouvoir de contraindre des témoins à comparaître”. Alors que les républicains semblent peu disposés à entendre de nouveaux témoignages, cette déclaration pourrait servir aux démocrates.

Le Los Angeles Times assure de son côté que Ken Starr, soit l’homme à l’origine de l’”impeachment” du président Clinton, n’est pas le plus à même de “défendre l’argument selon lequel destituer un président accusé d’actes répréhensibles est une mauvaise solution”.

Dans un tweet, Susan Hennessey, rédactrice du blog Lawfare, prévient : “A chaque fois que Starr dira quelque chose pour défendre Trump, il y aura une vidéo de lui prenant la position contraire contre Clinton. Ca ne fera que souligner l’hypocrisie républicaine”.

Source : Courrier international

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