Moyen-Orient – Crash du Boeing : les Iraniens défient leurs dirigeants dans la rue

Les Iraniens, choqués par les “mensonges” de leurs dirigeants sur le crash du Boeing ukrainien, sont à nouveau descendus dans la rue dimanche aux cris de “démission», alors que les autorités multipliaient les excuses publiques.

“L’Iran a fait face à une nouvelle crise, dimanche soir, alors que les autorités ont dû utiliser des gaz lacrymogènes pour endiguer la deuxième journée d’affilée de manifestations à Téhéran”, écrit The Guardian.

Selon le quotidien britannique, la foule réunie à l’université Shahid Beheshti de Téhéran criait : “Ils veulent nous faire croire que c’est l’Amérique, mais notre véritable ennemi, il est ici même.” Et d’ajouter, à l’adresse des gardiens de la révolution : “Vous êtes notre État islamique.”

L’aveu des autorités iraniennes, qui ont finalement reconnu avoir abattu “par erreur” le Boeing d’Ukraine International Airlines, faisant 176 morts, a bouleversé la population. Deux présentateurs de la télévision publique ont démissionné pour protester contre la diffusion d’informations mensongères, tandis que la presse du pays titrait : “Couverts de honte” ou “Incroyable”.

Donald Trump s’est empressé, comme samedi, de tweeter son soutien aux manifestants, rapporte NBC News. “Aux dirigeants iraniens : NE TUEZ PAS VOS MANIFESTANTS”, a averti le président américain. “Vous en avez déjà assassiné ou emprisonné des milliers, et le monde vous regarde. Plus important encore, les États-Unis vous regardent.”

Les autorités iraniennes ont tenté de calmer le jeu, notamment sur le plan diplomatique, en recevant l’émir du Qatar, ami de l’Iran mais aussi allié des États-Unis.

À l’issue de la réunion, à laquelle participaient le président iranien Hassan Rohani et le guide suprême Ali Khamenei, ce dernier a appelé au “renforcement des relations entre les pays de la région”, selon l’agence de presse Irna – tout en estimant que “la situation compliquée dans la région [était] due à la présence néfaste des États-Unis”.

Profil bas

 

Le régime a par ailleurs multiplié les excuses, notamment par la voix du chef des gardiens de la révolution, le général Hossein Salami, convoqué dimanche par le Parlement.

“Je jure devant Dieu tout-puissant que j’aurais préféré être dans cet avion et m’être écrasé et avoir brûlé avec eux plutôt que d’être témoin de ce tragique accident”, a-t-il déclaré devant les députés, selon Al-Jazira.

Dans une surprenante tentative de désescalade, il a aussi affirmé que les frappes contre des positions américaines en Irak, lancées en représailles de l’assassinat par les États-Unis du général iranien Qassem Soleimani, “n’avaient pas vraiment pour but de tuer des soldats ennemis”.

“Avec les destructions matérielles, nous voulions montrer que nous sommes tellement supérieurs à notre ennemi que nous pouvons frapper n’importe quel endroit de notre choix”, a-t-il ajouté.

Mais dimanche, une base aérienne irakienne où s’entraînent des soldats américains a encore été la cible de tirs de roquettes, faisant quatre blessés parmi les forces irakiennes. L’attaque n’a pas été revendiquée.

Si l’Iran fait profil bas, il n’en a pas pour autant fini avec le “Grand Satan” américain, estiment de nombreux experts. USA Today a parlé à Eric Brewer, du Centre d’études stratégiques et internationales, spécialiste de la politique iranienne de Donald Trump. “Que l’Iran ait voulu ou non tuer des Américains (dans les attaques de cette semaine), je pense qu’il ne faut pas s’attendre à ce que ce soit la seule opération que va mener Téhéran”, a-t-il déclaré.

 

 

Source : Courrier international

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