Moyen-Orient – Téhéran tire une douzaine de missiles contre des forces américaines en Irak

L’Iran a riposté mercredi à l’assassinat du général Soleimani, en frappant deux bases militaires abritant des soldats américains en Irak. Si les raids revendiqués par Téhéran marquent un tournant faisant redouter une escalade régionale ou un conflit ouvert, les dirigeants américain et iranien ont rapidement semblé vouloir calmer le jeu.

 

L’Iran avait promis de venger la mort du général Qassem Soleimani. Cinq jours après l’élimination du haut commandant iranien par le Pentagone, Téhéran a “mené des représailles en tirant, mercredi [8 janvier], plus d’une douzaine de missiles contre deux bases aériennes abritant des soldats américains en Irak”, rapporte NBC News.

Les deux installations visées sont situées à Aïn Al-Assad, dans l’ouest du pays, et à Erbil, dans le Nord, au Kurdistan irakien. Selon le New York Times, ces bases avaient reçu la visite du président américain Donald Trump et de son vice-président Mike Pence au cours des deux dernières années. Aïn Al-Assad est située à environ 200 kilomètres de la frontière syrienne. “En 2015, les forces de sécurité irakiennes y avaient repoussé une attaque du groupe État islamique (EI)”, rappelle le quotidien. Quant à la base d’Erbil, elle avait été utilisée comme un lieu stratégique pour mener l’opération qui a conduit à la mort d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le leader de l’EI, souligne le New York Times.

Un responsable de l’administration a déclaré au Wall Street Journal qu’il ne semblait pas y avoir de victimes américaines sur les deux sites ciblés par les attaques, mais qu’il était encore “trop tôt” pour le savoir. Lors d’une conférence de presse au Pentagone mardi soir, un autre responsable américain a refusé de spéculer sur la fin de l’attaque de l’Iran contre les États-Unis, affirmant que les forces américaines resteraient dans une “posture de protection des forces” pour l’instant.

Le risque d’escalade “va dépendre des dommages causés par les missiles”

 

Ces tirs de missiles sont “susceptibles d’alimenter la peur d’une guerre entre les États-Unis et l’Iran”, note ABC News. Mais selon Stephen Ganyard, colonel à la retraite et analyste militaire pour la chaîne américaine, les risques d’escalade vont “dépendre des dommages causés par les missiles”. S’ils n’ont “rien touché, alors il pourrait y avoir une désescalade. Mais s’ils ont frappé quelque chose de substantiel ou qu’ils ont blessé des Américains, on peut s’attendre à des représailles importantes”, de la part des États-Unis, note-t-il.

Selon Stephen Ganyard, la base d’Aïn Al-Assad est isolée et compte moins de soldats que d’autres installations américaines depuis que les États-Unis ont commencé à retirer des troupes d’Irak. Téhéran a voulu frapper “ce qui semble être les cibles les moins probables, qu’ils savaient mal défendues voire pas du tout”, explique-t-il.

“Faire retomber les tensions”

 

Si les raids revendiqués par l’Iran marquent un tournant, les dirigeants américain et iranien ont rapidement semblé vouloir calmer le jeu. Les gardiens de la révolution iraniens, l’armée idéologique de la République islamique, ont conseillé à Washington de rappeler ses troupes déployées dans la région “afin d’éviter de nouvelles pertes”, ce qui pour l’ancien haut responsable américain Mick Mulroy, interrogé par ABC, pourrait être une “tentative de mettre fin au conflit”.

“Tout va bien”, a quant à lui assuré Donald Trump dans un message posté sur Twitter. Le président américain a précisé qu’il s’exprimerait mercredi sur la situation. Son “tweet a été interprété par certains comme une tentative de faire retomber les tensions” note The Hill. Mais Trump sera probablement confronté à des pressions de la part de membres bellicistes du Congrès et de fonctionnaires de l’administration pour répondre sous une forme ou une autre à l’Iran” conclut le journal.

Noémie Taylor-Rosner

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