Au Burkina, la justice condamne le polémiste Kémi Séba pour « outrage au président »

Deux mois de prison avec sursis et une amende : le Franco-Béninois a été reconnu coupable de « propos injurieux » alors qu’il dénonçait une future réforme du franc CFA.

 

La justice burkinabée a condamné, jeudi 26 décembre, le polémiste franco-béninois Kémi Séba, fondateur du mouvement Urgences panafricanistes, à « deux mois de prison avec sursis », pour « outrage » au président Roch Kaboré, au terme d’une audience en « comparution immédiate ».

Le tribunal de grande instance de Ouagadougou lui a aussi infligé une amende de 200 000 francs CFA (300 euros), le reconnaissant coupable également d’« outrage à des chefs d’Etat étrangers » dont l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Nigérien Mahamadou Issoufou.

 

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« On m’a condamné à deux mois avec sursis qui sont en réalité deux mois symboliques parce que même les juges savent que j’ai raison », a déclaré M. Séba à l’issue du procès.

Il avait été interpellé à son hôtel à Ouagadougou et placé en garde à vue samedi, après une conférence publique sur le franc CFA, dont il est un virulent détracteur, à l’université Joseph Ki Zerbo.

Réfutant les accusations du parquet d’avoir tenu des « propos injurieux et outrageants » envers les chefs d’Etat, Kémi Séba a expliqué à la barre avoir voulu « envoyer un électrochoc pour réveiller les dirigeants africains qui se laissent manipuler par le président français », Emmanuel Macron.

« Recul démocratique »

 

« Personne (…) ne pourra nous empêcher de dire ce que nous pensons. Et il faut qu’ils comprennent que la prison, c’est la quatrième fois qu’on m’y envoie et à chaque fois j’en ressors plus fort », a-t-il insisté avant d’être accueilli triomphalement par ses partisans.

Selon son avocat, Me Prosper Farama, ce procès « remet en cause les libertés d’expression et d’opinion », et constitue un « recul démocratique ».

 

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M. Séba, de son vrai nom Stellio Capochichi, qui se présente comme un « polémiste et conférencier panafricain », a ces dernières années organisé ou participé en Afrique à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA.

Il a régulièrement été interpellé ou expulsé de pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou la Guinée.

Une réforme du franc CFA a été annoncée samedi par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron lors d’une visite d’Etat du président français en Côte d’Ivoire.

Le Monde avec AFP

Source : Le Monde

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