Comment la Guinée-Bissau est devenue une plaque tournante de la cocaïne

Pauvre et instable, le petit pays d’Afrique de l’Ouest est désormais une porte d’entrée de la drogue en Europe.

En septembre 2019, 1,8 tonne de cocaïne a été découverte dans des sacs de farine sur un bateau au large de la côte atlantique de la Guinée-Bissau, en Afrique de l’Ouest. Une autre énorme saisie avait eu lieu dans le pays plus tôt cette année, lorsque 789 kilos de cocaïne ont été trouvés dans le faux fond d’un camion.

La Guinée-Bissau ne correspond pourtant pas à l’image stéréotypée de ce que l’ONU et l’Administration pour le contrôle des drogues américaine (DEA) ont qualifié de «narco-État». Pourquoi cette ancienne colonie portugaise est-elle devenue un point d’arrêt majeur pour la cocaïne cultivée en Amérique du Sud et introduite en contrebande en Europe?

Corruption record

 

Le pays est en proie à l’instabilité politique depuis la proclamation de son indépendance en 1974. Le président sortant, José Mário Vaz, a nommé et limogé huit Premiers ministres depuis sa prise de fonction en 2014.

La corruption dans les gouvernements successifs et les forces armées est endémique: selon Transparency International, la Guinée-Bissau avait en 2018 l’un des secteurs publics les plus corrompus au monde.

La Guinée-Bissau est en outre l’un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 70% de ses citoyen·nes vivent en dessous du seuil de pauvreté, ce qui rend la société vulnérable à l’attrait du dollar de la drogue.

Ce sont ces faiblesses, en sus des frontières poreuses du pays et de sa position géographique sur la côte atlantique de l’Afrique, qui ont fait de la Guinée-Bissau, depuis le milieu des années 2000, un point de transit fiable du commerce de cocaïne pour les groupes criminels organisés sud-américains et africains.

Enjeu continental

 

Un haut fonctionnaire de l’ONU a estimé qu’au moins 30 tonnes de cocaïne entrent et sortent de la Guinée-Bissau chaque année, l’équivalent d’un cinquième de la consommation annuelle de cette drogue aux États-Unis.

 

De nombreux autres États africains appauvris, et donc vulnérables, sont visés par des cartels de la drogue désireux d’en faire des points de passage pour l’introduction clandestine de cocaïne en Europe, comme la Guinée-Conakry, le Togo, le Mali, le Niger et la Côte d’Ivoire.

L’Afrique n’est plus seulement un continent de transit pour le trafic de drogue mais une collection à croissance rapide d’États produisant d’énormes quantités de drogues, telles que l’héroïne et la méthamphétamine, destinées aussi bien à la consommation intérieure qu’internationale en Asie.

D’après un récent rapport d’Enact Africa, un programme de lutte contre le crime organisé transnational, l’Afrique connaîtra la plus forte augmentation de la consommation de drogues illicites au monde au cours des trente prochaines années.

Repéré par Julien Vaurillon

Repéré sur Vice

Source : Slate (France)

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